OGM : l'Autorité européenne rejette en l'état l'étude Séralini

Le chercheur caennais ayant refusé ce jeudi de lui fournir plus d'informations, l'Efsa a scellé le sort de cette étude sur la toxicité d'un OGM de Monsanto.

L'avis des experts chargés par l'Efsa d'analyser l'étude est très sévère : "l'article est d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré valide pour l'évaluation des risques", ont-ils ainsi jugé.

Et d'ajouter que "la conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats".

"Les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l'étude telles que décrites dans l'article impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés", ont-ils conclu.

L'Efsa a expliqué avoir "invité les auteurs à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d'acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude". ce qu'il a catégoriquement refusé de faire, jugeant que son article était amplement suffisant.

"Lorsqu'on réalise une étude, il est essentiel de s'assurer qu'un cadre approprié soit mis en place. Si on a clairement défini ses objectifs et qu'on a établi une conception et une méthodologie appropriées, on constitue une base solide à partir de laquelle des données précises et des conclusions valides peuvent être générées", a expliqué Per Bergman, qui a dirigé les travaux de l'Efsa.

"Sans ces éléments, il est peu probable qu'une étude se révèle fiable, valide et de bonne qualité", a-t-il soutenu.

Les recherches effectuées pendant deux ans par l'équipe de Gilles-Eric Séralini, professeur de biologie moléculaire à l'Université de Caen, soutiennent que des rats nourris avec un maïs génétiquement modifié, le NK603, ont été frappés au bout de 13 mois par des pathologies lourdes, notamment des tumeurs.

Ses conclusions, si elles étaient validées, remettraient en question tout le processus de validation des études démontrant l'inocuité des semences OGM et les procédures d'autorisation pour la culture et la consommation dans l'UE. 

Deux OGM -le maïs MON810 et la pomme de terre Amflora- sont actuellement cultivés dans l'UE et une cinquantaine d'autres, dont le NK603, ont obtenu une autorisation pour l'alimentation animale et humaine.

En l'état, "l'Efsa considère qu'il n'est pas nécessaire qu'elle réexamine l'évaluation précédente réalisée sur la sécurité du maïs NK603".

Lors de la publication de l'étude, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault avait annoncé que si le danger des OGM était vérifié, la France "défendrait au niveau européen" leur interdiction. "Si des faits scientifiques
nouveaux sont démontrés, nous en tirerons les conséquences", avait pour sa part assuré la Commission
européenne.

L'avis rendu par l'Efsa a déjà relancé l'affrontement avec les anti-OGM.

L'organisation les Amis de la Terre a accusé l'Autorité européenne de "placer les intérêts de l'industrie
agroalimentaire et des biotechnologies avant la sécurité des consommateurs".

La Commission européenne souhaite que la décision finale de l'Efsa soit "inattaquable".

Un second examen inclura un résumé des évaluations réalisées par les Etats membres sur l'article, notamment les analyse faites en Allemagne et en France. L'Institut fédéral pour l'évaluation des risques en Allemagne (BfR)
a déjà rendu lundi un avis négatif.

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