Le probable futur n°1 de la CGT s'explique dans un entretien à l'AFP.
Thierry Lepaon, 52 ans, pourrait succéder à Bernard Thibault à la tête de la CGT. Il affirme qu'il n'est pas candidat à ce poste mais qu'il est prêt néanmoins à l'assumer, ajoutant qu'il poursuivrait, s'il est élu, la stratégie de son prédécesseur.
"Le secrétaire général de la CGT fera une proposition mardi qui vise à rassembler les organisations de la CGT. Moi, j'ai toujours eu le souci de l'organisation, de n'avoir jamais été candidat à rien et d'accepter les responsabilités qui me sont confiées", a-t-il affirmé.
"Quand on est membre de la Commission exécutive confédérale, on fait partie des 54 premiers dirigeants de la CGT, on est forcément responsable déjà", ajoute-t-il.
Alors que depuis dix mois la crise de succession déchire la centrale, Thierry Le Paon souligne : "la force de la CGT c'est son rassemblement, d'avancer ensemble avec les fédérations, les Unions départementales, d'avoir un mode de fonctionnement qui permette à chacun de s'exprimer mais qu'on puisse décider ensemble, c'est notre objectif". Selon lui, "sur les contenus revendicatifs, on est plus que rassemblés".
"Cela a bégayé un peu sur le remplacement de Bernard", reconnaît-il. Mais, "ce n'est pas facile de le remplacer", estime-t-il. "Il a occupé ce poste pendant 14 ans. C'est un personnage à la fois chez les militants et dans
l'opinion publique, lui succéder ce n'est pas une tâche facile. Il a une telle image auprès des salariés et des syndiqués que forcément on a tendance à vouloir que celui qui rentre aient toutes les qualités de celui qui sort !"
Quant à la stratégie suivie depuis 1999 par Bernard Thibault, notamment une modernisation de la CGT et une autonomie totale vis-à-vis du PCF, Thierry Le Paon affirme qu'"il n'y aura pas de rupture entre ce qu'il a fait et ce que je ferai, si c'est moi" le prochain numéro un.
"Je travaille à ses côtés depuis suffisamment d'années maintenant pour avoir son oreille, comme il a la mienne. On décide déjà les choses le plus collectivement possible. Je n'ai jamais été en désaccord sur cette stratégie. Je la partage pleinement, je l'ai même aidé à la construire", ajoute-t-il.
Thierry Le Paon voit "deux défis" devant la CGT : "le premier c'est d'avoir un syndicalisme accessible. Aujourd'hui, il y a des millions de salariés qui ne peuvent pas toucher un syndicaliste durant toute leur vie. Le deuxième c'est d'être utile, que le syndicat rapporte des choses aux gens".
Ce natif de Caen, qui dirige le Comité régional CGT de Normandie, souligne qu'il est "adhérent" au PCF, "dans un petit village à côté de là où j'habite".
"J'ai un rapport affectif profond avec ce parti qui date de ma jeunesse. Je donne ma contribution régulièrement, mais je ne signe jamais d'appel à voter et je ne participe pas aux instances de direction" du PCF, souligne-t-il.