Le DRH d'Honeywell est venu rencontrer les salariés de Condé-sur-Noireau ce jeudi pour relancer la productivité du site. Il leur a fait une proposition.
La Direction de l'entreprise parle d'une coïncidence involontaire. Le DRH d'Honeywell, Gilles Odent, est venu rencontrer les salariés de l'usine de Condé-sur-Noireau quasimment un an jour pour jour après l'annonce de la fermeture du site le 30 juin 2013. Une coïncidence malheureuse quand il s'agit de demander au personnel d'augmenter sa productivité, et ce, quelques jours seulement après avoir envoyé des lettres de "recadrage" à certains employés pour manque de motivation.
De source syndicale, l'usine produisait, avant l'annonce de la fermeture, entre 1,2 et 1,4 millions de plaquettes de frein par mois contre 400 000 aujourd'hui. "Nous avons observé au retour des vacances des tensions sociales liées à une baisse sensible de la productivité qui nous a amené à trouver des solutions créatives", explique François Serizay, le directeur du site.
La Direction a donc fait ce jeudi une proposition: produire 4 millions de plaquettes d'ici le 31 mars prochain en échange d'une prime de 1000 euros et trois mois de salaire sans travailler pour les salariés jusqu'au 30 juin, date de la fermeture. "Celà permet de concilier deux impératifs: donner le maximum de possibilité de reclassement aux salariés, de disposer de plus de temps pour le faire, et de permettre à l'entreprise de satisfaire ses engagements commerciaux." François Serizay, directeur du site, estime l'objectif raisonnable: "C'est un niveau de production qui correspond à celui de novembre dernier, soit un mois après l'annonce de la fermeture."
Sur place, les réactions des salariés recueillies par notre équipes sont négatives. La proposition de la Direction ne rencontre pas un écho favorable. Olivier Gauguain, secrétaire FO du CE, indique qu'à titre personnel, "on peut aisément penser que c'est un chantage qui est fait aujourd'hui" et dénonce "la façon de faire d'Honeywell depuis un an: Honeywell met d'abord le feu à l'usine et après se présente en quelque sorte en sauveur en faisant de nouvelles propositions".
Il note également que l'effort demandé ne concerne que les salariés de la production, 200 personnes sur les 323 employés du site, et exige que l'ensemble du personnel soit sollicité, le cas échéant. "Il y a des personnes qui sont venus produire pendant que les salariés étaient en grève, donc ils peuvent très bien le faire aujourd'hui." Les représentants syndicaux comptent recueillir la semaine prochaine les avis des salariés avant de faire part de la position du personnel à la direction.
Reportage de Gwenaëlle Louis et Charles Bézard