CGT, la succession de Bernard Thibault enfin réglée

Il voulait une femme, ce sera Thierry Lepaon. Après des mois de querelles internes, Bernard Thibault a réussi à faire adouber son successeur hier soir par le "parlement" de la CGT.

Comme nous l'annoncions dès le mois de mai, le Caennais Thierry Lepaon, 52 ans, est donc le futur secrétaire général de la CGT. Ainsi la crise de succession qu'a traversée la CGT se dénoue. Une crise qui a ébranlé la centrale syndicale pendant dix mois.

Hier soir, le Comité confédéral national, le "parlement" de la CGT, a adoubé l'ex-chaudronnier pour prendre la tête du premier syndicat français en mars prochain lors de son 50ème congrès qui se tiendra à Toulouse du 18 au 22 mars.

Réuni à huis clos au siège de la centrale à Montreuil, la CCN a élu Thierry Lepaon à une large majorité : 119 voix pour, deux abstentions, aucune voix contre.

Ce vote était sans surprise puisque Thierry Lepaon avait déjà reçu l'aval de la Commission exécutive (direction de la centrale) le 16 octobre.

Toutefois, l'accouchement du nouveau leader de la CGT s'est fait dans la douleur, marqué par un conflit entre Bernard Thibault, désireux de voir une femme lui succéder et Eric Aubin, chargé à la CGT du dossier des retraites et soutenu par de grosses Fédérations.

La crise s'est ouverte en janvier dernier, lorsque l'ex-cheminot a annoncé qu'il ne briguerait pas un cinquième mandat à la tête de la CGT qu'il dirige depuis 1999.

Au fil des mois, les rapports se sont envenimés entre le numéro un et Eric Aubin, qui menait campagne. Bernard Thibault avait lui-même évoqué une querelle d'"ego".

La crise a atteint son apogée le 31 mai dernier, lorsque le tout puissant CCN a infligé un désaveu cinglant à Bernard Thibault, rejetant sa candidate à sa succession, l'ex-infirmière Nadine Prigent. Nombre de patrons de fédérations et d'unions préféraient Eric Aubin, patron de la Fédération de la construction.

Faisant alors son deuil d'une candidature féminine, Bernard Thibault a mis en avant celle de Thierry Lepaon, personnalité plutôt consensuelle.

De guerre lasse, et désireux de mettre un terme à une crise qui a affaibli la CGT, cadres et dirigeants se sont ralliés au Bas-Normand dans un souci d'apaisement.

Bernard Thibault, qui tiendra une conférence de presse ce mercredi après-midi pour rendre compte du CCN, a déjà vanté les mérites de son dauphin. "C'est quelqu'un qui sait faire travailler un collectif".

C'est bien le défi auquel sera confronté Thierry Lepaon : rassembler un syndicat meurtri par des mois de crise interne et éviter les séquelles.

Pour les proches d'Eric Aubin, la centrale "sortira grandie de ce débat. Il était nécessaire, ça va compter pour la suite".

Pour la première fois de son histoire, la CGT a été confrontée à une crise de succession. En effet, pendant des années, c'est le Parti communiste qui imposait son leader à la centrale. Autres temps... Puis, en 1999, le choix s'est fait de manière autonome et c'est l'ex-cheminot, auréolé de son rôle dans la grève de 1995, qui a pris naturellement les rênes du syndicat. Il sera ensuite réélu trois fois, mais rate sa sortie. Du coup, Thierry Lepaon apparaît comme un candidat "par défaut".

Son atout - fruit d'une "tactique" disent certains - est d'être resté à l'écart des querelles intestines. "Je n'ai jamais été candidat à rien" et "j'accepte les responsabilités qui me sont confiées", affirmait-il le mois dernier.

Quoi qu'il en soit, Thierry Lepaon est maintenant dans la place et deux questions se posent désormais : comment va-t-il gérer la cohabitation avec l'actuel n°1 jusqu'au congrès de Toulouse ? Quelle équipe de direction mettra-t-il en place ? Plus précisément, quelle place laissera-t-il aux autres candidats à la succession de Bernard Thibault ?

Il devrait l'annoncer en février, lors du dernier CCN avant le congrès. Premier test grandeur nature pour juger de sa faculté à rassembler, réorganiser et moderniser un syndicat en mal de gouvernance.




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