Dans l'Eure, c'est une partie du patrimoine local qui s'en va avec la fermeture de l'usine Buffet-Crampon de la Couture-Boussey. Sa facture des instruments, notamment la clarinette, était mondialement connue.
"Ici on meurt en silence, comme si on avait honte" nous a confié Andrée Oger, conseillère générale de l'Eure du groupe communiste. La fermeture de l'usine Buffet-Crampon à la Couture-Boussey dans l'Eure s'est en effet réalisée dans le silence complet. Le site est à l'arrêt définitif depuis juillet. Une nouvelle qui apparait seulement ce mercredi matin dans les colonnes du journal Paris-Normandie.Voir le reportage ci-dessous de Frédéric Lafond et Eric Lombaert
A la mairie, on ne veut pas parler. Andrée Oger l'explique "c'est un échec et on aime pas parler des échecs". La manufacture d'instruments de la Couture-Boussey, ex-société Leblanc, a été rachetée par le groupe Buffet-Crampon dont le siège est à Mantes-la-Jolie. Depuis ce rachat, l'activité principale consistait en l'assemblage de clarinettes. Une vingtaine de salariés fidèles sont invités à travailler désormais sur le site de Mantes-Jolie. Mais certains n'ont pas le permis et donc aucun moyen de se rendre sur place. Par ailleurs, beaucoup craignent un avenir bien incertain. Une conciliation aux prud'hommes est d'ailleurs prévue la semaine prochaine entre la direction et ses salariés.
Un patrimoine qui s'effrite
Mais au de là de ces questions, c'est bien un secteur d'activité, de savoir-faire, de techniques qui disparait. Pour un ancien luthier dans une fabrique de hautbois rencontré à la Couture-Boussey, c'est un désastre, "avant il y avait 7 ou 8 usines de ce type", se rappelle-t-il. La Couture-Boussey avait fondé sa réputation grâce à ses fabriques d'instruments à vent et surtout les clarinettes Leblanc. Avec la fermeture de cette institution en toute discrétion l'été dernier, c'est donc une page d'histoire qui se tourne. Dans les années 40, 50 la moitié des habitants de la Couture-Boussey travaillaient pour ces usines. Certaines femmes travaillaient même à domicile, elles fabriquaient les tampons des instruments, comme témoigne par twitter Madame Pasquis-Dumont conseillère régionale de Haute-Normandie.
Un savoir-faire unique
En avril dernier, Frédéric Lafond et Eric Lombaert sont allés tourner un reportage dans l'usine filmant ce travail maintenant de plus en plus rare.