L'usine Areva de La Hague (Manche) envisage de sous-traiter le nettoyage de son linge potentiellement contaminé, "provisoirement" aux Pays-Bas, suscitant l'inquiétude des syndicats qui déplorent la multiplication des transports nucléaires.
L'usine de retraitement des déchets de Beaumont-Hague (Manche), où travaillent quelque 5.000 personnes, dont 3.000 environ directement salariés d'Areva, a indiqué espérer une externalisation progressive d'ici deux ans de sa blanchisserie.
Il s'agit du site qui concentre le plus de matière radioactive en Europe.
Le sous-traitant UniTech, filiale d'un groupe américain, a précisé espérer la finalisation d'un accord d'ici à la fin de l'année.
"Cela veut dire que l'on remet de la matière nucléaire sur la route. Cinq camions par semaine", affirme Joël Lecostey, secrétaire du Syndicat des personnels de l'énergie atomique CFDT de Basse-Normandie.
Ce projet "est une aberration aussi bien en termes de sécurité qu'en termes médiatiques.
Les détracteurs du nucléaire ne manqueront pas d'utiliser ces transports pour attaquer à nouveau notre industrie", a aussi critiqué FO dans un communiqué.
Areva confirme que le transport de ses 500 tonnes de linge par an serait classé "nucléaire" mais assure que les vêtements effectivement contaminés seront détruits à l'usine.
En attendant la construction d'une usine en Seine-Saint-Denis
Selon la société, ce transport à Coevorden, aux Pays-Bas, "ne serait que provisoire", UniTech projetant la construction d'une usine à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) avec la création de 40 à 50 emplois à court terme. Le responsable du développement d'UniTech en France, Jacques Grisot, a confirmé à l'AFP ce projet d'ouverture d'usine d'ici deux ans à deux ans et demi.
Filiale "nucléaire" de la société américaine de nettoyage de linge industriel Unifirst, UniTech exploite dix laveries aux Etats-Unis et deux en Europe, à Coevorden et au Pays de Galles. Elle travaille déjà ponctuellement avec EDF et la Marine nationale, selon M. Grisot.
Areva justifie ce projet par "l'investissement colossal" que demanderait la mise aux normes de son actuelle blanchisserie.
La CFDT avance le chiffre, non démenti par Areva, de 20 millions d'euros.
Il y a environ 900.000 transports de colis de matière radioactive chaque année en France, selon l'ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire.