Le professeur Gilles-Eric Séralini n'a pas digéré le rejet définitif de son étude controversée sur un maïs OGM
"Ne pas avoir au moins un soupçon après l'étude que nous avons faite de toute façon la plus détaillée au monde relève de la malhonnêteté intellectuelle. C'est une faute professionnelle grave": le professeur à l'université de Caen ne décolère pas.
"L'Efsa a déjà à rougir du fait d'avoir jeté nombre d'études sur le bisphénol A. Ca confine à la criminalité. Avec les OGM, ils recommencent la même chose. Ils ne se dédiront pas avant d'être démissionnés" par la Commission, pense le chercheur.
Mercredi, l'Efsa a estimé que "les lacunes importantes constatées dans la conception et la méthodologie" de l'étude Séralini "impliquent que les normes scientifiques acceptables n'ont pas été respectées et, par conséquent, qu'un réexamen des évaluations précédentes de la sécurité du maïs génétiquement modifié NK603 n'est pas justifié".
"Cela devient un grave problème de santé publique", a ajouté le chercheur en biologie moléculaire.
Pour le Pr Séralini, l'Efsa est minée par les conflits d'intérêts. En mai, sa présidente a démissionné pour prendre des responsabilités au sein de l'ILSI, le lobby de l'industrie agroalimentaire.
M. Séralini avait frappé l'opinion en présentant en septembre dans Food and Chemical Toxicology ses travaux qui
montraient, selon lui, un risque accru de tumeurs mammaires et d'atteintes hépato-rénales pour les rats nourris avec le maïs NK 603, associé ou pas à l'herbicide Roundup, deux produits commercialisés par Monsanto.
Le rejet des conclusions de l'étude par l'Efsa n'est pas une surprise car ses experts avaient déjà jugé l'étude insuffisante dans un avis non définitif.
Le 22 octobre, les organismes sanitaires français avaient de leur côté réfuté les conclusions de M. Séralini mais elles avaient recommandé des études sur les effets à long terme de la consommation d'OGM, quasi inexistantes aujourd'hui.