Ourasi, cheval de tous les records, est mort ce samedi matin au haras de Gruchy où il coulait une retraite heureuse depuis 1990.
Ils étaient aux petits soins pour lui. Rien n'était trop beau pour le quadruple vainqueur du Prix d'Amérique, un immense champion, un cheval de légende, à la longévité exceptionnelle.
Au haras de Gruchy, on pleure Ourasi ce samedi.
Une grande tristesse règne sur les écuries depuis que le directeur du haras, Pierre Lamy, a dû se résigner à abréger les souffrances de ce cheval d'exception ce matin, après 22 ans de cohabitation.
Le légendaire trotteur était chouchouté et respecté comme un seigneur par tout le monde à Gruchy. Il y avait ses habitudes et ses rituels. Repas, sorties, friandises, il a eu tout ce qu'il lui fallait pour ses vieux jours, y compris la compagnie de deux vaches avec qui il partageait son paddock de 1,5 hectare. Et beaucoup d'amour aussi, particulièrement de sa "nounou", Annie Jumel, qui s'occupait bénévolement de lui depuis une douzaine d'années et avec qui il a passé sa dernière nuit.
Le trotteur au fort caractère a eu une petite alerte il y a un an.
Jusque là son état du santé était resté remarquablement stable pour un cheval de cet âge. Encore une des particularités du champion !
Il y a trois semaines, son état général s'est fortement dégradé. "C'était la grande, grande vieillesse", selon Pierre Lamy.
La décision de le faire piquer n'a pas été facile à prendre mais il souffrait et c'était la fin. Il fallait l'aider. "C'est très, très dur", ajoute Pierre Lamy.
A Gruchy, tout le monde parle d'Ourasi comme s'il était un être humain, un enfant et le chagrin de ses soignants et de ses fans est réel et profond. Tout le monde y va de son anecdote, de ses souvenirs. Des images fortes pour de puissants sentiments d'admiration et un immense dévouement. Leur consolation : il a eu une vie "très, très heureuse".
Selon Pierre Lamy, le plus grand trotteur de tous les temps est probablement mort de complications intestinales. "Le coeur était sûrement encore bon", a-t-il estimé. "Il a toujours été exceptionnel, d'une résistance incroyable. A l'élevage, à l'entraînement, à la retraite. C'est un cheval qui a eu de la chance".
Et beaucoup de personnalité aussi.
Malin et autoritaire, le trotteur, qui n'a jamais accepté d'être monté, a toujours su ménager ses efforts, se préservant à l'entraînement pour ne donner sa pleine puissance qu'en course. Un comportement stupéfiant pour un animal et qui lui a valu le surnom de "roi fainéant". Peut-être aussi, le secret de sa longévité exceptionnelle.
Seul accroc dans sa carrière : en 1989, au faîte de sa gloire et archi-favori, il finit 3ème du Prix d'Amérique devant le président François Mitterrand venu spécialement pour l'admirer. Mais c'était pour mieux gagner l'année suivante et devenir, juste avant de prendre sa retraite, à l'âge de 10 ans, le seul cheval à décrocher quatre fois le Graal du trot.
Ourasi a aussi réservé un pied-de-nez à ceux qui misaient sur ses gènes. Etalon "fougueux" mais peu prolifique, il n'a engendré que 38 descendants... dont aucun champion.
Un autre de ses fameux faits d'arme est d'avoir arraché l'oreille de son maréchal ferrant à Gruchy. Vieux, mais toujours coriace !
RIP Ourasi...