Ce mardi en fin de matinée 900 personnes ont défilé dans le centre-ville de Caen (Calvados) à l'appel de plusieurs syndicats contre l'accord sur l'emploi.
Quatre syndicats, la CGT, FO, la FSU et Solidaires, opposés au projet de loi sur l'emploi, qu'ils jugent "néfaste", ont appellé une nouvelle fois les salariés à descendre dans la rue ce mardi pour une "piqûre de rappel" aux députés qui s'apprêtent à adopter le texte, en cours de journée.
Le projet de loi transcrit dans le code du travail l'accord sur la sécurisation de l'emploi signé le 11 janvier par le patronat et trois syndicats - CFDT, CFTC, CFE-CGC- mais rejeté par deux grandes centrales, la CGT et FO pour lesquelles le texte "sécurise les licenciements et non pas l'emploi".
Deux autres syndicats - Solidaires qui n'est pas représentatif dans le privé et la FSU implantée seulement dans le secteur public - sont dans le camp des opposants.
Les quatre syndicats avaient déjà organisé une mobilisation le 5 mars contre l'accord et revendiqué 200.000 manifestants dans tout le pays.
"Nous avons décidé de relever à nouveau le défi de la mobilisation pour faire entendre la voix des salariés", affirme Thierry Lepaon, nouveau numéro un de la CGT, dans son appel à la journée d'action.
Invité ce mardi matin sur Canal+, M. Lepaon a reproché au gouvernement d'avoir "une oreille droite bien ouverte" aux revendications du Medef et "une oreille gauche un peu bouchée". "Donc nous allons souffler dedans très fort de manière à qu'il puisse entendre nos revendications", a-t-il ajouté.
170 manifestations dans tout le pays
Il a indiqué que "170 manifestations" étaient organisées mardi dans le pays pour "empêcher la transposition dans la loi de l'accord".
Les appels à la grève sont limités, le trafic est normal à la RATP, selon la direction.
A la SNCF, on fait seulement état de quelques perturbations de TER dans les régions PACA et Languedoc-Roussillon.
A Paris le défilé partira à 14H00 de Montparnasse en direction de l'Assemblée nationale. Thierry Lepaon et Jean-Claude Mailly, numéro un de FO, défileront côte-à-côte.
La mobilisation intervient au moment où les députés, au terme de six jours de débats, voteront le projet de loi.
Au dernier jour de l'examen du texte, les élus du Front de gauche, quasiment tous communistes, ont continué la bataille avec des salves d'amendements.
L'examen de tous les articles et amendements s'est achevé peu après minuit dans la nuit de lundi à mardi.
Après le vote de l'Assemblée le texte sera soumis au Sénat en procédure accélérée.
"Nous voulons marquer le coup vis-à-vis des élus de la nation et leur rappeler nos analyses: ils vont prendre leurs responsabilités, qu'ils le fassent en toute connaissance de cause, c'est une piqûre de rappel", affirme à l'AFP, Jean-Claude Mailly.
Selon lui, "des modifications, voire des rectifications, ont été apportées" au texte lors des débats à l'Assemblée, mais le "fond demeure" et en particulier selon lui, tout ce qui concerne la "flexibilité" du travail reste inchangé.
Le numéro un de FO ne s'attend pas une mobilisation massive: "Je ne dis pas que demain il y aura des centaines de milliers de salariés dans la rue parce que ce sont des sujets compliqués", les articles du projet étant particulièrement techniques, souligne-t-il.
Mais, "les salariés vont concrètement mesurer les effets de ce texte, s'il est voté, une fois qu'il sera en application et le réveil risque d'être douloureux", affirme-t-il.
M. Mailly prévient les "élus de la nation": "si vous votez ce texte, demain les gens se souviendront de la loi et non pas de l'accord" signé par les partenaires sociaux.
Son homologue de la CGT souligne aussi "la lourde responsabilité des parlementaires" qui est "soit de transcrire l'accord néfaste du 11 janvier dans la loi" comme les y "incitent le Premier ministre et le président de la République" soit d'introduire "une loi favorable à l'emploi et aux salariés".
Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a déjà annoncé qu'il serait dans la rue, en soutien aux syndicats.
Les manifestations mardi ont lieu dans un contexte délétère suscité par l'affaire Cahuzac. "Je ne dis pas qu'il n'y aura pas, ici ou là, une pancarte ou banderole qui y fera référence. Les gens manifestent librement, on est en démocratie!", souligne M. Mailly.