La Palme d'or du Festival de Cannes 1964 est à (re)voir sur grand écran dans une version restaurée et numérisée ou quand les nouvelles technologies permettent de sauver des chefs-d'oeuvre en péril...
De l'avis de tous, la restauration du film de Jacques Demy est sublime.
L'histoire
Geneviève Émery (Catherine Deneuve) vit avec sa mère (Anne Vernon), une veuve désargentée qui tient un magasin de parapluies à Cherbourg. En dépit de la désapprobation de Mme Émery, Geneviève aime le jeune et beau garagiste Guy Fouchet (Nino Castelnuovo). Ils se jurent une passion éternelle et font des rêves d'avenir. Hélas Guy doit faire son service militaire en Algérie. La veille de son départ, Geneviève se donne à lui.
"Les Parapluies, c'est un film contre la guerre, contre l'absence, contre tout ce qu'on déteste et qui brise un bonheur", expliquait Jacques Demy.
La restauration
la société Ciné-Tamaris, dirigée par Rosalie et Agnès Varda et Mathieu Demy, a fait appel au site participatif Kisskissbankbank. "C'est un mode économique novateur qu'on va reproduire car l'Etat ne peut pas tout financer", explique Rosalie Varda.
Pour scanner le négatif, nettoyer les impuretés, les rayures, étalonner (choisir les contrastes), restituer le son... Les technologies actuelles font des miracles, mais cela est parfois risqués, "car dans le processus photochimique, on use la source et à chaque transfert, le grain perd de sa définition", souligne Hervé Pichard, responsable de l'enrichissement des collections à la Cinémathèque française.
De nombreux mécènes (le Festival de Cannes, LVMH, La Cinémathèque française…) mais aussi des Internautes anonymes réunis grâce à la plate-forme Kiss Kiss Bank Bank ont mis la main au portefeuille. "C’était extraordinaire de les voir se fédérer à nos côtés. Cela prouve à quel point le cinéma de Jacques reste proche des gens" a confié Rosalie Varda, la fille du réalisateur.
Un compositeur toujours sous le charme
Les spectateurs vont de nouveau pouvoir s’émouvoir devant les amours contrariées des deux jeunes héros, en se laissant emporter par des mélodies signées Michel Legrand. "Jacques Demy avait écrit son scénario sous forme traditionnelle et j’ai mis ses dialogues en musique ce qui donne un cachet unique au film", expliquait le compositeur à Cannes, où le film fut présenté en avant première. Michel Legrand qui retrouvera Demy trois ans plus tard pour Les Demoiselles de Rochefort avoue : "Notre collaboration était exceptionnelle. Être encore sur les écrans aujourd’hui constitue une sacrée consécration !"
Reportage de Pauline Latrouitte :