L'actrice australienne est la première personnalité à qui le festival rend hommage cette année. Elle collabore pour la première fois avec Woody Allen dans "Blue Jasmine"
"Deauville devrait me rendre hommage tous les ans. Il n'y a pas de plus belle raison de rencontrer une ville et un festival", dit Cate Blanchett dans un éclat de rire. "C'est un sentiment rassurant et agréable qui me rappelle qu'il y a une carrière cinématographique à laquelle je peux revenir." Un discours étonnant de la part d'une actrice à qui un festival de cinéma rend hommage.
C'est que "depuis six ans, le théâtre a pris une place prépondérante dans ma vie". La comédienne australienne vient de jouer avec Isabelle Huppert dans "Les bonnes" de Jean Genêt, elle a été mise en scène par Liv Ullmann dans "Un tramway nommé désir", et elle co-dirige la Sidney Theater Company, l'une des plus importantes compagnies théâtrales de son pays. "Le théâtre est un exercice qui me permet de rester en vie, le contact avec le public permet de se réaliser physiquement et artistiquement."
Elle n'en a pas pour autant délaissé le septième art. Elle a tourné cette année sous la direction de Georges Clooney dans "Monuments men", "un projet fou, un peu déjanté", selon elle, mettant en scène des directeurs de musée envoyés par Rossevelt pour sauver des oeuvres d'art volées par les nazis. Et elle présente ce samedi soir le dernier film de Woody Allen avec qui elle collabore pour la première fois, "Blue Jasmine". "C'est quelqu'un qui crée des rôles féminins passionnants. Il vous laisse faire ce que vous avez compris du rôle, les choses se font très simplement."
La présentation de ce film est l'occasion pour le festival de rendre hommage à cette comédienne. "Quand je vois la succession de grands noms avec lesquels j'ai travaillé, Scorcese, Soderbergh, Fincher, Todd Haynes avec qui j'ai incarné Bob Dylan, je suis moi-même impressionné. Selon elle, sa collaboration avec Woody Allen a une place particulière car elle constitue "le truchement idéal entre le cinéma et le théâtre." Le théâtre toujours.
De grands metteurs en scènes mais aussi de grands rôles comme "Elizabeth" qui la révéla hors des frontières de l'Australie ou Galadriel dans la trilogie du "Seigneur des anneaux", en passant par l'un des multiples Bob Dylan de Todd Haynes. "Le point commun de tous les rôles qui m'attirent c'est qu'ils me terrifient, ce sont des rôles que je ne sais pas comment aborder, je me dis que je n'y arriverais pas. C'est cette montée d'adrénaline qui fait que je m'y attèle, que je trouve un angle d'attaque."
Dans le dernier film de Woody Allen, Cate Blanchett incarne Jasmine, une femme dont "le rapport au réel est furtif, toujours dans la fabrication de son image, déconnectée de son identité". Celle-ci voit sa vie voler en éclat et quitte son univers, le New-York mondain, pour un monde plus modeste. Le parallèle est tentant avec le métier d'actrice. "Est ce que j'ai une vraie vie ? Oui. Je navigue dans le fantasme pour gagner ma vie mais j'en reviens très vite. Il ne faut pas s'y attarder car c'est là que réside la folie."
