Nouvel incident trois jours après la prise d'otage d'un surveillant. Ce jeudi, c'est le responsable d'un bâtiment du centre de détention qui a été agressé à l'arme blanche par un détenu.
Les jours passent et la tension ne cesse de monter au centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, près d'Alençon. En début de semaine, c'est une jeune surveillant qui était pris en otage par deux détenus munis d'une arme blanche artisanale. Ce jeudi, c'est le responsable d'un bâtiment de l'établissement qui a été agressé avec un poinçon. Il a été touché à trois reprises à la cuisse, à l'épaule et au niveau des côtes. Il a été hospitalisé en fin de matinée. Il serait rapidement ressorti d'après les informations d'un des journalistes de notre rédaction. L'agresseur, lui, s'est retranché dans sa cellule. Il a fallu l'intervention de l'équipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris, le GIGN de la pénitentiaire), venue de Rennes à la demande du directeur de la prison, pour le déloger.
Le reportage de Franck Besnier et Joël Hamard (ITW : Patrice Gandais Délégué UFAP UNSA Justice; Nicolas Santini, Délégué F.O Pénitentiaire; Joseph Rousseau Secrétaire FO Pénitentiaire)
Colère des surveillants
Cette agression est le dernier épisode en date d'une longue liste d'incidents au sein de cet établissement inauguré au printemps dernier et présenté comme ultra-sécurisé. Fin septembre, on recensait déjà six agressions contre le personnel. Le 16 décembre, un vingtaine de détenus avaient refusé de regagner leurs cellules. Le surlendemain, une cinquantaine de surveillants avaient exprimé leur colère devant les grilles de la préfecture de l'Orne. Le centre de détention de Condé-sur-Sarthe accueille les détenus les plus difficiles de France. Les syndicats réclament la création d'une cinquantaine de postes.
Au lendemain de la prise d'otages, procureur, préfet et responsable de l'administration pénitentiaire avait fait front devant la presse pour tenter de montrer que tout était bien géré et que les coupables seraient sévèrement punis. "La seule chose qu'on nous dit: arrêtez de parler aux médias, vous faites peur à tout le monde ! On sait ce qui se passe, c'est vrai, mais il ne faut pas le dire", rétorquait alors Emmanuel Baudin, secrétaire régional FO pénitentiaire.
Une liste noire au sein de la prison
Ce jeudi, après l'agression, le syndicat l'UFAP Unsa-Justice évoque l'existence d'une "liste noire fournie par les preneurs d'otage du 30 décembre dernier à notre ami surveillant alors retenu". La personne agressée ce jeudi matin figurerait sur cette liste. Le syndicat dénonce l'inaction de l'administration: "Invitée à ne pas prendre à la légère cette suite de noms, derrière laquelle se trouvent des femmes et des hommes ayant juré de servir la République, l'administration pénitentiaire a, une nouvelle fois, failli".Les personnels réclament des états-généraux des prisons. Les agents du grand Ouest se sont donnés rendez-vous à Rennes le 14 janvier prochain pour manifester.
Reportage de Catherine Berra et Patrick Mertz réalisé le 31 décembre
Intervenants:
- Carole Etienne, procureur de la République d'Alençon
- Emmanuel Baudin, secrétaire régional FO pénitentiaire