Alençon: le tribunal de commerce prononce la liquidation judiciaire de Carrier

La décision était attendue par les 180 salariés du fabricant d'autocar. Des négociations ont été ouvertes avec la direction sur le montant des indemnités de licenciement

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"Il y avait encore un espoir jusqu'à vendredi dernier. Le week-end a été difficile et les jours à venir le seront encore plus", a déclaré ce mardi midi sur notre antenne Radouane Lafer, délégué CGT du personnel. Le groupe tunisien Setcar ayant jeté l'éponge, les salariés de Carrier s'attendaient à la décision prise aujourd'hui par le tribunal de commerce d'Alençon: le fabricant d'autocar est en liquidation judiciaire sans poursuite d'activité. Une décision attendue mais incompréhensible pour les 180 personnes qui travaillent au sein de cette entreprise. "Le site était encore rentable il y a quelques mois et aujourd'hui il est fermé parce que les actionnaires ont sans doute voulu travailler ailleurs, c'est honteux".

Carrier avait été repris en 2000 par un de ses clients, le Vendéen Fast Concept car. En octobre dernier, la direction avait annoncé lors d'un comité d'entreprise que Carrier était en cessation de paiement et avait demandé une mise en redressement judiciaire. Selon les syndicats, l'entreprise accusait un déficit de 7 millions d'euros ces deux dernières années. Un administrateur judiciaire avait été nommé le 4 novembre. Celui-ci avait jusqu'au 20 janvier pour trouver une solution. L'intérêt du Tunisien Setcar avait permis d'obtenir un sursis d'une semaine. Ce dernier a annoncé ce vendredi qu'il renonçait à reprendre l'entreprise. 

Des négociations ont été ouvertes entre la direction et les représentants du personnel quant au montant des indemnités de licenciement. Les syndicats auraient réclamé entre 20 et 30 000 euros par salariés contre 7000 euros pour la direction. Radouane Lafer, délégué CGT, n'a pas souhaité confirmé ces chiffres ce mardi midi sur notre antenne. "Il n'y a pas de montant qui peut subvenir aux besoins de chacun aujourd'hui". Les négociations n'ont pour l'instant pas encore abouti. Pour les salariés, ils ont été abandonnés par Fast Concept Car. Un constat visiblement partagé par la préfecture de l'Orne et les collectivités locales dans leur communiqué commun: "Les conditions d'exploitation de Carrier par la maison mère, FFC, de même que l'attitude de la famille dirigeante de cette société, n'ont jamais facilité ni l'action de l'administrateur judiciaire, pas plus que celle des collectivités territoriales ni celle de l'Etat". L'avocat des salariés Me Jean-Pierre Bougnoux a annoncé ce mardi avoir saisi les Prud'hommes pour demander une indemnisation du préjudice des salariés par le Vendéen Fast Concept Car.

Reportage de Jean-Pierre Bonnefon et Damien Migniau
Intervenants:
- Philippe Taburet, salarié
- Fabrice Lalande, salarié depuis 40 ans
- Maître Jean-Pierre Bougnoux, avocat des salariés

 

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