LE JDD a rencontré le Pr Alain Carpentier, concepteur du projet de coeur artificiel autonome de la société Carmat, ainsi que la famille du premier patient implanté. Celui-ci est décédé le 2 mars dernier. Il vivait en Normandie
Le 2 mars dernier, le premier patient à s'être fait implanter un coeur artificiel autonome de la société Carmat est décédé. L' homme, âgé de 76 ans et souffrant d'insuffisance cardiaque terminale, avait été opéré le 18 décembre dernier par les professeurs Christian Latrémouille et Daniel Duveau dans le service du Pr Jean-Noël Fabiani, sous la direction du Pr Alain Carpentier. Ce dernier était le concepteur de ce projet dont l'objectif est de pallier la pénurie de coeurs à greffer et d'apporter une solution aux contre-indications à la transplantation.
Dans son édition parue ce dimanche, le JDD révèle le nom du patient, resté secret jusqu'ici: il s'agit de Claude Dany, qui repose aujourd'hui dans le cimetière de son village, en Normandie, dans l'Eure. "A mes yeux il n'a pas donné son corps, il a donné sa vie. Malgré notre chagrin
on n'en veut à personne (...), il faut que la recherche continue", a déclaré sa fille Isabelle à l'hebdomadaire.
Le coeur artificiel de la société Carmat, qui avait été implanté sur un homme de 76 ans décédé le 2 mars, "s'est arrêté brusquement", a expliqué au Journal du dimanche le Pr Alain Carpentier, le concepteur du projet, en parlant de "court-circuit". "Le coeur s'est arrêté brusquement. Il y a eu un court circuit. Cela a entraîné un arrêt cardiaque identique à celui que peut présenter un coeur naturel pathologique", raconte le Professeur au JDD. "Nous cherchons à comprendre d'où vient ce problème électronique et pourquoi", poursuit-il.
"On ne connaît pas encore les causes exactes du décès", a poursuivi le Pr Carpentier. "Mais certaines ont déjà été écartées et c'est le plus important à mes yeux: la mort n'est pas liée à une complication du malade, ni au principe fondamental de cette prothèse qu'est l'emploi de matériaux biocompatibles pour limiter la formation de caillots et le risque de thrombose".
Le Professeur rend hommage à l'homme de 76 ans qui avait bénéficié de l'implantation. "Ce patient nous a aidé à franchir un pas considérable", confie-t-il. "Ceux qui acceptent de participer à des thérapeutiques nouvelles sont les véritables pionniers du progrès médical".