Une cinquantaine de personnes ont manifesté ce mardi matin devant le palais de justice de Caen. Les greffiers demandent depuis plus d'un mois une revalorisation de leur statut et de leur rémunération. Leur mouvement s'est durci.
Ils étaient une cinquantaine ce mardi matin place Fontette devant le palais de justice de Caen. Parmi eux, une majorité de greffiers venus de toute la région, pour réclamer une revalorisation de leur statut et de leur rémunération.. Cette profession est mobilisée depuis plus d'un mois. Le mouvement, parti d'Agen, se cantonnait jusqu'ici à des rassemblements sur les marches de dizaines de palais de justice en France, sans interruption de travail. Ce mardi, cinq syndicats représentatifs de la profession ont lancé un appel à la grève. Les audiences au TGI de Caen pourraient ne pas avoir lieu.
C'est le grand chantier dit de la "Justice du XXIe siècle", une réforme d'ampleur en gestation, qui a mis le feu aux poudres et déclenché cette grogne venue de la base. Parmi les très nombreuses pistes évoquées pour cette réforme figure la création d'un greffier juridictionnel, aux missions élargies. Il pourrait notamment prononcer un divorce par consentement mutuel, compétence qui relève aujourd'hui du seul juge.
Beaucoup de greffiers n'y sont pas opposés mais estiment qu'une revalorisation préalable est nécessaire. Aujourd'hui, selon les syndicats, un greffier à l'échelon le plus bas (deuxième grade) ne gagne pas plus de 2.315 euros bruts mensuels en fin de carrière. La grille des salaires n'a quasiment pas bougé depuis 2003. Si un bac+2 est nécessaire pour le concours de l'Ecole nationale des greffes, beaucoup d'aspirants greffiers se présentent aujourd'hui au concours avec un bac+4 ou bac+5. Au-delà de l'aspect financier, les greffiers se plaignent également d'un manque de reconnaissance et pointent une différence de traitement avec les magistrats.
La grève se tient le jour d'une réunion entre les syndicats et la Chancellerie pour évoquer la réforme statutaire. Une première entrevue avait eu lieu le 11 avril, suivie par des rencontres bilatérales, sans avancée notable.
Le greffier est à la fois le garant de la procédure judiciaire, mais aussi le visage de la justice pour beaucoup de justiciables, le contact privilégié des avocats et des policiers, sans compter le juge, qui ne peut rien faire ou presque sans lui.
Nos collègues de France 3 Baie de Seine (Le Havre) ont consacré un reportage à cette profession méconnue
Intervenants:
- Elisabeth Cartier, greffière au tribunal du Havre
- Julie Ebran, greffière au tribunal du Havre