Ce vendredi (30 mai), la rédaction de France 3 Haute-Normandie s'intéresse aux dépendances. Dès aujourd'hui, regardez en avant-première et en exclusivité sur notre site internet l'un des reportages diffusés dans Enquêtes de régions et des séquences bonus. (Emission diffusée ce vendredi à 23 h)
Comment se construit une dépendance ? Existe-t-il une explication physiologique aux addictions ? Varie-t-elle selon qu’il s’agisse d’une dépendance à une substance (alcool, drogue, sexe…) ou d’une addiction comportementale (jeux de hasard, en réseau, en ligne..) ?
Le circuit de la récompense
A la base de toute dépendance, il y a la recherche de plaisir. Et tout plaisir chez l’être humain active dans le cerveau le système de récompense. Quand la dépendance apparaît, le plaisir devient rapidement besoin. Un besoin tyrannique et générateur de souffrance, s’il n’est pas assouvi.
Emmanuelle Partouche, Didier Meunier et Titouan Fournier ont recueilli le témoignage d’une femme addict au poker en ligne et les explications des professionnels de santé. Voyez leur reportage avec les interviews de :
- Carole, joueuse pathologique
- Pr Jean Costentin, docteur en médecine et pharmacien
- Dr Hélène Defay-Goetz, psychiatre addictologue, CH du Rouvray
Carole*, addict au poker en ligne
L’histoire de la dépendance commence pour Carole lorsqu’elle est étudiante. Comme de nombreux jeunes, elle fume du cannabis. D’abord avec des amis lors de soirées puis très rapidement seule. Après le cannabis, viennent les champignons hallucinogènes.
Ces substances provoquent rapidement chez elle des crises d’angoisse. Elles durent six ans et l'amènent à arrêter toute prise de substance lui faisant perdre la maîtrise d’elle-même.
Mais Carole aime jouer. Elle, qui se dit « excessive en tout et addictive », se met à jouer dans les casinos. Avec l’arrivée d’Internet en 2005, elle se lance dans le poker en ligne.
Elle nous raconte comment est né ce comportement addictif.
Les relances commerciales
Carole travaille mais n’a pas de contrat fixe. L’argent qu’elle joue, elle le tire d’un héritage familial. Consciente des conséquences négatives tant en termes de perte d’argent que de perte de temps et d’isolement social, Carole a plusieurs fois tenté d’arrêter de jouer au poker en ligne.
Pour ce faire, elle désinstalle les sites de son ordinateur. Des sites auxquels elle a dû communiquer son numéro de carte bancaire, son email et son numéro de téléphone pour pouvoir s’inscrire. Alors forcément, les équipes chargées de développer ces sites font tout pour la relancer lorsqu’elle arrête.
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©INA
Stratégie de dissimulation
Pour renflouer son compte et pouvoir jouer à nouveau, Carole emprunte de l’argent aux membres de sa famille, sans jamais leur avouer son addiction. Une stratégie de dissimulation, source de culpabilité. Elle aimerait leur en parler mais elle doute.
La solitude, conséquence et peut-être aussi cause de l’addiction
Carole vit seule, sans enfant. Même si elle aime être seule, dit-elle, cet isolement semble à la fois cause et conséquence de son addiction au jeu.
2 millions de français adeptes des jeux d’argent et de hasard sur internet
D’après une étude publiée sur le site de l’Observatoire des Jeux analysant les comportements de jeu en ligne en 2012, 3,7 % des personnes âgées de 18 ans et plus déclarent avoir joué à un jeu d’argent et de hasard sur internet au cours des douze derniers mois précédant l’enquête. Cela représente environ deux millions de personnes.
En 2012, la part des joueurs réguliers est bien plus élevée que celle relevée en 2010 parmi l’ensemble des joueurs. 45 % jouaient au moins une fois par semaine en 2012, contre 22,8 % en 2010.
Les joueurs réguliers sont proportionnellement plus présents dans les paris hippiques, les jeux de casino, les machines à sous et le poker en ligne.
Retrouvez ce sujet ainsi que de nombreux autres reportages et les invités de Marie du Mesnil-Adelée et Grégory Thélu demain (vendredi 30 mai) dans Enquêtes de régions, après Soir 3 sur France 3 Haute-Normandie. L'émission sera rediffusée, le lendemain, samedi 31 mai vers 15h.
* Le prénom a été modifié