Son père mobilisé le lendemain de sa naissance et prisonnier en Allemagne durant toute l'occupation, Jacqueline Larson-Bennetot, caennaise depuis plus de 45 ans se souvient.
Jacqueline Larson-Bennetot est cauchoise. Elle est originaire d'Anglesqueville-l'Esneval, près de Saint Valery-en-Caux. Elle est née le 3 septembre 1939. Un anniversaire dont on peut aisément se souvenir, car par un hasard historique, il correspond à la déclaration de guerre de la France à l'Allemagne. Quelques jours après, son père mobilisé part. Il ne rentrera que le 28 mai 1945. Aujourd'hui'hui à la tête d'un bed and breakfast, dans la région Caennaise qu'elle habite depuis plus de 40 ans, la toute petite fille qu'elle était n'a pas de trop mauvais souvenirs de cette période aussi paradoxal que cela puisse paraître. "Nous avons fait l'exode, jusque dans le Maine et Loire. C'est vrai les allemands avaient réquisitionné le rez-de-chaussée de notre ferme. Mais nous habitions la campagne. Nous avions de quoi manger."
Son père et sa mère entretiennent une correspondance fournie. Les lettres n'existent plus. Mais l'un et l'autre réalisent de nombreuses photos durant toutes ces années qu'ils s'échangent. Et Jacqueline préserve avec beaucoup d'amour l'album qui les réunit. Elle l'ouvre pour nous.
"Mon père le voilà, c'est lui".
"C'est sans doute rare d'avoir autant de photos de cette époque. Mais ainsi ils n'ont pas rompu le fil. Mon père a pu me voir grandir quand même".
Si les conditions de vie ne sont pas optimales, elles ne sont pas non plus dramatiques. Malgré les conditions hivernales souvent rudes
En stalag, son père travaille dans une scierie.
"Et puis ma famille demeurait non loin de nous. Mes grands-parents étaient très présents. Il s'occupaient beaucoup de moi. Nous allions tous les dimanches les voir. Nous y allions en charrette à cheval dans la grande côte qui remonte jusqu'au plateau. Mon Grand-père, Jules Lacuisse était maire d'un village à côté, Saint Sylvain. Un jour, il a pris une remorque tiré par un cheval et a apporté plus d'une tonne de pommes de terre à Yvetôt car il s'était rendu compte que les habitants, dont certains de nos cousins mourraient littéralementt de faim."
Un vrai personnage ce Jules Lacuisse ; "au début des année 60, le Général De Gaulle en déplacement dans la région, s'est arrêté. Il lui a serré la main pour son action pendant la guerre. En fait, de nombreux atterrissages s'étaient déroulés durant la guerre avec son aide.
A la libération au début juillet, les américains habitaient dans une grange en face de la maison. Et avec son regard de petite fille que Jacqueline a gardé, elle se souvient "Il nous ont apporté du pain blanc et.... du chocolat."