Le Conseil général de l'Orne vient de voter un texte contre la suppression des départements, dans le cadre de la réforme territoriale. Une majorité d'élus ornais refuse d'être absorbée par les grandes villes et par l'Etat.
La suppression de l'échelon départemental ne passe pas dans l'Orne. Tandis que les élus du Conseil général ont voté un texte contre cette disposition de la future réforme territoriale, une résistance farouche est en train de s'organiser dans le bocage normand.
A la tête de la fronde, le Vice-Président du Conseil général de l'Orne et maire de Tinchebray, l'UMP Jérôme Nury, qui dénonce une « euthanasie programmée ».
Il mène une vraie croisade du monde rural contre l'Etat. Jérôme Nury n'hésite pas à parler de "chienlit territoriale". Pour lui, la disparition des conseillers généraux (élus dans les cantons) constitue "un risque d'abandon des territoires ruraux". On le surnomme déjà "le Chouan du bocage".
Le texte voté par le Conseil général a été rédigé par son président, l'UDI Alain Lambert, qui met en garde contre le danger que constituerait la suppression des départements pour la population. «Le département a acquis une identité en deux siècles, il est devenu l'échelon de solidarité des personnes et des territoires. La taille du plus grand nombre des intercommunalités dans un département à la densité de population faible, ne permet pas de structurer le territoire pour le représenter dans une région élargie où les centres de décisions s'éloigneraient », écrit-il.
Des élus ornais de tous bords sont eux aussi réfractaires à la réforme territoriale, et y voient une réforme "technocratique" qui viderait le département de ses élus.
Conservatisme ? Opposition de la campagne contre la ville ? Les questions soulevées dans l'Orne trouveront écho dans d'autres territoires de France. Le débat de la réforme territoriale ne sera pas simple, et dépassera les clivages politiques.
Le reportage de Franck Besnier et Damien Migniau (ITW : Jérôme Nury, Président UMP 61 et Vice-président du Conseil Général; Yves Goasdoué, Député-maire Flers (App. PS) et Nathalie Goulet, Sénatrice de l'Orne (Groupe Centriste)).