Laurent Lecesve, ingénieur, s'est lancé voilà quatre ans à Saint-Pierre-Azif dans la culture de cette micro-algue riche en protéine et en fer.
Si certaines communes du littoral du Calvados observent avec un grand désarroi les marées charrier des flots d'algues vertes sur leurs plages, d'autres, dans les terres, s'ingénient à la cultiver. Un paradoxe très simple à expliquer: il ne s'agit pas de la même algue. Dans le second cas, il ne s'agit même pas d'une algue (même si on tend à la nommer ainsi) mais d'une cyanobactérie, l'une des plus anciennes formes de vie sur terre. Depuis quatre ans, Laurent Lesceve, ingénier, cultive l'une de ces cyanobactéries, la spiruline, une "micro-alogue" dont certains voudraient faire une arme contre la malnutrition.
Si la communauté scientifique est réservée sur ce sujet, il n'en demeure pas mois que ce micro-organisme est reconnu pour sa richesse en protéine (jusqu'à 70% de son poids), en fer, en calcium ou en béta-carotêne. La spiruline est commercialisée sous forme de complément alimentaire et est utilisé pour rééquilibrer un régime alimentaire carencé ou peu varié. Les Européens l'ont découverte lors de la conquête de l'Amérique. Les Aztèques et les Incas la récoltaient dans les lacs.
Car si elle se consomme sèche, c'est dans un milieu humide qu'elle se développe. Son milieu d'origine: les lacs de la ceinture intertropicale. A Saint-Pierre-Azif, en plein coeur du Pays d-Auge, la spiruline est cultivée dans des bassins sous serre afin de garantir une température minimum de l'eau à 25 degrés. Chaque jours, les micro-organismes arrivés à maturité sont écumés à la surface de l'eau avant d'être filtrés. Le cultivateur obtient alors une pâte verte qu'il presse puis passe au séchoir. Après 6 heures de séchage, la spiruline est prête à être consommée (180 euros le kilo) et se conserve durant deux ans.
Reportage d'Adèle Desachy et Loïc Blache
Intervenants:
- Laurent Lecesve, spirulinier