La pluie et ses conséquences pour la sécurité des chevaux et cavaliers se sont imposées comme invitées encombrantes au Haras du Pin. Elles ont perturbé les derniers préparatifs de l'épreuve de cross et finalement, en ont modifié le tracé.
"Du mois de septembre jusqu'au mois d'août, il faudrait des bottes en caoutchouc pour patauger dans la gadoue..." Ces paroles, joyeusement chantées par Jane Birkin semblent avoir été écrites pour le Haras du Pin où doit se dérouler samedi, l'épreuve du cross du concours complet des JEM 2014. Météo France escomptait 1mm de d'eau par jour ; il en est tombé plus de 20. Les parties où les passages sont les plus fréquents se sont transformées en champs de boue.Aujourd'hui, l'eau s'est arrêtée de tomber ...
... et le soleil a commencé son oeuvre ! En plus de rendre la vie plus agréable aux cavaliers comme au public venu assister au second jour de l'épreuve de dressage, ce beau temps revenu permet d'entamer le séchage du parcours. La piste est d'ailleurs étroitement gardée de tout passage intempestif. Seuls les cavaliers et les staffs sont autorisés à s''approcher des obstacles pour la reconnaissance.Malgré tout, nous sommes encore loin du compte pour demain. Pierre Michelet, qui a conçu le tracé, a parcouru ce matin encore le cross avec la direction technique de l'organisation pour évaluer l'état des trajectoires principales et les options offertes aux concurrents. Car les conséquences des conditions météo sont dans toutes les têtes et assurément, dans celle de l'invité qui s'est imposé dans cette édition 2014.
Le tracé est modifié
Initialement, cette épreuve a été conçue sur une distance de 6500 mètres. Le dénivelé du terrain, les difficultés techniques, la distance, la "patte" Michelet : tous les ingrédients étaient réunis pour proposer un parcours digne d'un concours 4* type Burgley en Grande Bretagne. D'ailleurs, Thierry Touzaint avait fait le pari d'une épreuve où le cross ferait la différence et retrouverait ainsi son rôle prédominant dans cette spécialité. C'est aussi la raison pour laquelle il avait clairement affiché que les difficultés ne desserviraient pas le team France. "Nous n'avons pas de chevaux pour le moment ayant une grosse locomotion, indispensable sur un carré de dressage. Nous avons une carte à jouer en revanche sur le cross dans des concours où ils reprend toute sa place de discipline reine", indique Michel Asseray, DTN Adjoint. "C'est pourquoi, continue Cédric Lyard "Thierry (Touzaint) a fait le choix de chevaux de cross : galopeurs, spécialistes d'extérieur et ayant une solide expérience".A 14h, à l'issue du brief, on entend dire que par mesure de sécurité, il se pourrait bien que le tracé soit modifié.
A 18h 15, l'information est confirmée.
Traduction : deux obstacles, dont le fameux "hibou" cher au chef de piste sont neutralisés, mais également deux boucles et avec elles deux côtes avant les deux tiers du parcours.
"Dommage", déclare Maxime Livio qui s'est plutôt bien sorti du dressage avec son Qalao des Mers (45,3 points). Dommage oui car ces deux côtes pouvaient faire la différence. Non pas en tant que telles mais dans un ensemble". "Cela enlève, une minute de parcours", surenchérit Cédric Lyard. Et la possibilité de créer de forts écarts de temps donc de points à l'arrivée. "Des chevaux plus faibles dans leur galop laissent des moyens dans ce genre de passages. Et cela se ressent plus encore dans la côte de fin de parcours. Dans sa version originale c'est un parcours amené à des écarts de temps jusqu'à une minute. C'est très lourd."
"Cette décision de ne pas se contenter d'occulter des obstacles mais aussi de baisser la distance à parcourir, ramène le temps accordé à 10'30. "On se retrouve alors dans le contexte d'un 3*, qui pourrait potentiellement moins faire la différence."
Les favoris, "Ils sont beaucoup à pouvoir prétendre aux plus hautes marches. Les Allemands, d'abord, très forts sur le dressage, mais aussi les Anglais, les Néo-zélandais... Après, c'est un championnat et tout peut arriver. On a déjà vu des concours à fort enjeu où les meilleurs ont calé...", conclut sur le sujet Cédric Lyard.
Quels espoirs pour le "team France" ?
Il n'empêche, quelle que soit le configuration, le parcours de cross ne sera pas pour autant une promenade de santé. "Même si la terre sèche vite, cela restera collant." Et la reconnaissance confirme que l'on est bien aux Jeux Mondiaux. "Dès les premiers obstacles, on commence très fort, et cela reste compliqué jusqu'au bout. Beaucoup d'obstacles directionnels, des grosses combinaisons", continuent Maxime Livio et Cédric Lyard. "c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup d'endroits faciles" pour Michel Asseray. "Même les obstacles larges, sont en descente, en dévers et/ou très ouverts de part et d'autres, donc susceptibles de fautes (dérobades)."Le rêve du DTN adjoint ? "une 5 ou 6è place à l'issue du dressage et un cross qui nous fasse remonter dans le classement avec le podium dans le viseur. Mais attention, la visite vétérinaire du vendredi est une épreuve de plus, après un cross comme celui là."
Individuellement, Maxime Livio termine en tête des français, et il entrevoit la suite avec la confiance qui sied aux champions. "Le cheval est généreux. Il va falloir gérer l'aspect émotionnel, car il y aura plus de public que jamais. Je ne l'ai jamais senti fatigué."
Les membres de l'équipe de France ont pu reconnaître le tracé hier. Reportage Arnaud Mattéoli (France 3 Basse-Normandie)