Jim Mickle a présenté ce dimanche au public deauvillais son quatrième film, "Cold in July", une oeuvre sanglante jonglant habilement entre les genres et les ruptures de ton.
L'an dernier, Jim Mickle avait fait fuir une partie du public du CID avec son film "We are what we are", un thriller sur une famille cannibale vivant en vase clos dans la campagne profonde. Ce dimanche matin, pas un spectateur n'a quitté la salle et des applaudissements nourris ont résonné sur le générique de fin. Le public a visiblement apprécié le voyage. Car il s'agit bien d'un voyage, un voyage mouvementé et imprévisible qui débute comme un classique thriller. Richard Dane, incarné par Michael C Hall (Dexter, Six feet under), abat un homme qui s'était introduit durant la nuit dans sa maison. Cet homme, menant une vie ordinaire, est alors traqué par le père du défunt (Sam Shepard). Mais le destin va les réunir.
"Je lis beaucoup de scénarios et bien souvent, dans les cinq premières pages, je sais ce qui va se passer dans les 200 suivantes, quels personnages vont mourir par exemple, c'est une perte de temps", expliquait Jim Mickle à l'issue de la projection de son quatrième long-métrage. Thriller paranoïaque, film noir mais aussi comédie: l'une des forces du film, c'est son habileté à marier les genres et les ruptures de ton. Le spectateur passe par tout un panel d'émotions, de l'effroi au rire. "C'était déjà dans le livre d'origine (signé Joe R. Lansdale), c'est ce qui m'a plu. A la lecture, la musique du film changeait d'une scène à l'autre".
Le thriller Sud-Coréen comme influence
Si le metteur en scène déclare avoir, dés son premier film, voulu marier les genres, il reconnaît aussi l'influence du cinéma sud-coréen: "Je suis un grand fan de réalisateurs comme Park-Chan Wook ("Old Boy"), Joon-Ho Bong ("Memories of murder) ou de films comme "The Chaser". Avec le thriller coréen, on voit autre chose qu'un thriller, ils ont réussi à rajouter de la comédie dans des films durs, et ça fonctionne".
Au rayon des influences, on notera aussi, pour certains cinéphiles avertis, Dario Argento (l'utilisation des couleurs sur le climax) ou John Carpenter (la musique synthétique), tout un pan de l'esthétique du film de genre des années 80, époque durant laquelle se déroule le roman et le film "On voulait donner l'impression d'un film fait dans les années 80, plutôt qu'aujourd'hui. C'était quelque chose d'assez drôle à faire, trouver la musique, les costumes, les couleurs" ou la fameuse coupe mulet du personnage principal, une idée du comédie Michael C Hall. L'histoire aurait pu être transposée de nos jours mais Jim Mickle a expliqué qu'il souhaitait "se détacher de la question des armes, de la violence aux USA aujourd'hui et développer plutôt les thèmes de la filiation et du passage à l'âge adulte"
L'autre force du film, c'est son casting. Dans le rôle principal, Michael C Hall, comédien révélé à la télévision avec des séries comme Six feet under ou, plus récemment, Dexter. "C'était le bon moment pour lui, Dexter venait de s'achever et il voulait jouer quelqu'un d'ordinaire. Une chance pour nous. Beaucoup d'acteurs ne veulent pas incarner Monsieur tout-le-monde, ils préférent les personnages exceptionnels. Michael C. Hall a été le premier comédien motivé par ce projet et sa motivation a permis d'attirer d'autres acteurs".
Le retour d'un flic à Miami
Comme Sam Shepard ou Don Johnson, héros des "Deux flics à Miami", une série emblématique des 80's, une idée de la productrice du film. "On voulait quelqu'un de plus grand que la vie elle-même". Il faut dire que Jim Bob, éleveur de porcs et détective privé, est un personnage haut en couleur dont l'arrivée dans le film crée une véritable rupture. "Don Johnson est quelqu'un qui réfléchit beaucoup et qui rêve de ses rôles, ça lui donne des idées de jeu", raconte Jim Mickle, "Un jour il est arrivé en disant: il faut que j'arrive comme un cow-boy blanc sur son destrier avec son grand chapeau !" Si le cheval a été remplacé par une décapotable, l'idée a été conservée.