Après le survol d'une douzaine de centrales par des drones, l'ONG Greenpeace et le réseau Sortir du nucléaire ont appelé ce samedi le gouvernement à "sortir du silence". Les réponses apportées ce dimanche matin par Ségolène Royal sont loin de les avoir rassurer.
Au total, ce seraient près de 13 centrales nucléaires qui auraient été survolées ces deux dernières semaines par des drones. Ce vendredi soir, entre 19 heures et minuit, six sites nucléaires (et non cinq comme précédemment annoncé), dont celui de Flamanville, auraient fait l'objet d'un survol selon Greenpeace, six survols qui s'ajoutent aux sept autres observés la semaine du 13 au 20 octobre.
"L'ampleur de ces opérations et les moyens matériels utilisés sont de plus en plus inquiétants", explique dans un communiqué Yannick Rousselet de l'ONG. "On est face à quelque chose de très organisé qui pour nous ne peut plus être du domaine d'un groupe d'adolescents qui s'amuseraient. C'est pour nous une inquiétude très forte", a-t-il précisé à nos confrères de Tendance Ouest.
"Une menace pour la sécurité des sites"
Le Réseau Sortir du Nucléaire est lui aussi préoccupé par cette multiplication des survols de centrales nucléaires et reproche au gouvernement son silence. Dans un communiqué, il dénonce "une attitude de déni" de la part des autorités, attitude qualifiée "d'irresponsable". Selon ce réseau d'associations anti-nucléaires, "le crash d'un drone pourrait effectivement représenter une menace pour la sécurité des sites, tout comme l'éventualité d'un largage d'un explosif depuis un engin téléguidé". "Un drone peut également servir à effectuer des repérages en vue d'une attaque aérienne de plus grande ampleur".
La première réaction du gouvernement est intervenue ce dimanche matin. Invitée chez nos confrères d'I-Télé, Ségolène Royal, ministre de l'environnement, a affirmé que "le survol de centrales ne fait peser aucun risque sur ces centrales qui sont construites pour résister aux secousses sismiques et même aux chutes d'avion sur une centrale". Une déclaration qui n'a pas manqué de faire bondir Yannick rousselet, de l'ONG Greenpeace, qui n'a pas tardé à réagir sur Twitter.
#Ségolène #Royal ment ! Les centrales nucléaires ne résistent pas à une chute d'avion, c'est reconnu par l' #ASN et l' #IRSN !c'est grave!
— Rousselet Yannick (@plutonyck) 2 Novembre 2014
#Royals raconte n'importe quoi sur #ITV, c'est grave!Elle parle d'atteinte à la crédibilité du #nucléaire, mais réfute le risque incroyable
— Rousselet Yannick (@plutonyck) 2 Novembre 2014
Ségolène Royal a, quant à elle, fustigé "les déclarations d'un certain nombre d'associations", déclarant qu'elle ne laisserait "quiconque porter atteinte à la crédibilité et à la réputation de sûreté de nos centrales nucléaires" et affirmant que "la sécurité des centrales nucléaires est suffisamment forte".
Des fusils à pompe pour neutraliser les drones
Dans son édition de ce dimanche, le Parisien affirme que dorénavant les pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie "pourront utiliser leurs fusils à pompe pour neutraliser les drones". Cette possibilité est très encadrée: "uniquement à l'approche de la centrale (...) les tirs restent interdits en direction de l'îlot nucléaire et au-dessus du site conventionnel". Cette règle aurait été édictée, selon nos confrères, lors d'une réunion au ministère de l'Intérieur après-midi.
Reportage de Lucie Denechaud, Nicolas Corbard et Laure Bignalet
Intervenants:
- Ségolène royal, ministre de l'environnement (images I-Télé)
- Yannick Rousselet, responsable national de la campagne nucléaire et énergie Greenpeace