Le 29 octobre dernier, le tribunal de commerce de Caen a prononcé la liquidation de l'entreprise de peinture basée à Cormelles-le-Royal. Les salariés occupent depuis les locaux de la société. Ils soupçonnent des malversation financières de leur patron.
Depuis le 29 octobre dernier, les 90 salariés de l'entreprise Xavier Lainé peinture se relaient pour occuper les locaux de la société basée à Cormelles-le-Royal. Le tribunal de commerce de Caen a prononcé mercredi la liquidation de l'entreprise avec cessation immédiate d'activité. Le liquidateur dispose d'un délai de 21 jours pour envoyer aux salariés leur lettre de licenciement afin que ceux-ci puissent bénéficier de l'AGS (le fond de garantie des salaires). "Lors de la précédente audience (deux semaines avant la décision définitive du tribunal de commerce), on nous a clairement dit qu'il n'y avait aucun actif possible et aucun moyen pour financer un plan de sauvegarde pour l'emploi", expliquait alors Me Elise Brand, l'avocate des salariés.
Ces salariés exigent maintenant des réponses. Pour Thierry Barraux, il s'agit "que tout le monde sorte la tête haute et qu'on prouve que ce n'est pas notre faute si on en est arrivé là, parce que quand on met 90 bonshommes au chômage, il y a des responsabilité quelque part...".
Et ces responsabilités, elles sont, selon eux, à chercher du côté de leur patron, Xavier Lainé. Ils soupçonnent des malversations financières qui auraient entraîné la chute de l'entreprise. "Nous avons beaucoup de preuves, nous avons des éléments matériels", rappelait mercredi dernier Me Elise Brand, "Cette vérité judiciaire, on la doit au moins aux salariés, on doit expliquer pourquoi il n'y a plus un euro pour payer les indemnités de rupture et pour envisager des dispositifs de reclassement externe".
Ces éléments, l'avocate des salariés les avait transmis au tribunal de commerce de Caen le 15 octobre dernier. Ce dernier avait ordonné l'ouverture d'une enquête sur les comptes de l'entreprise. Ce lundi, le procureur de la République nous a confirmé qu'une enquête préliminaire avait bien été ouverte et confiée au SRPJ (service régional de police judiciaire). Pour l'instant, les salariés de Xavier Lainé n'ont eu aucune information quant aux éventuelles avancées de cette enquête. De plus, ils redoutent que leur patron transfert le matériel de la société dans une autre entreprise qu'il possède à Argentan. Ils sont donc résolus à poursuivre l'occupation des locaux de Cormelles-le-Royal.
Reportage d'Aurélie Misery et Franck Bodereau
Intervenants:
- Didier Sonnet, salarié de l'entreprise
- Thierry Barraux, salarié de l'entreprise
- Alvin Bacon, délégué du personnel
Notre équipe a pu rencontrer Me Thierry Chapron, l'avocat de Xavier Lainé. Celui-ci affirme que son client est "très serein, il répondra à toutes les questions qui pourront lui être posées". Il balaye les accusations portées à l'encontre de son client rappelant que "fin 2012, alors que la société connaissait déjà de graves difficultés, il a réinjecté sur ses fonds propres, sur son patrimoine, 400 000 euros dans la société, donc l'idée véhiculée suivant laquelle il aurait pillé l'entreprise est à ses yeux intolérable ". La crise économique est invoquée pour expliquer les difficultés et le triste destin de l'entreprise. Enfin, l'avocat déclare qu'"il n'y a strictement aucun risque qu'un transfert (du matériel) s'opère" vers le site d'Argentan.