"Rouxiella chamberiensis", une bactérie jusqu'à présent inconnue vient d'être identifiée par les chercheurs de l'Institut Pasteur. Elle est responsable de la mort de trois nourrissons à l'hôpital de Chambéry en décembre 2013 et de l'infection d'un quatrième sauvé in extremis.
"Rouxiella chamberiensis", c'est son nom. Les chercheurs de l'Institut Pasteur ont du la baptiser car cette bactérie était inconnue, non réferencée par la médecine jusqu'ici. Elle est responsable de la contamination des poches de nutrition parentérales en cause dans le décès de trois nourrissons à l'hôpital de Chambéry en décembre 2013 et de l'infection d'un quatrième sauvé in extremis. C'est une enterobactérie d'un nouveau genre. Selon la définition du dictionnaire Larousse: la famille des entérobactéries regroupe une vingtaine de genres différents ayant en commun quelques caractéristiques biochimiques ainsi que leur habitat : le tube digestif de l'homme ou celui des animaux.
Une bactérie d'un nouveau genre
Les chercheurs de Pasteur décrivent à présent "la caractérisation complète de cette bactérie d'un nouveau genre" dans un article qui vient de paraître dans la revue de référence pour les spécialistes, l'International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology. Elle se multiplie à 4°C alors que la plupart se développent seulement à 8°C. De plus, elle se met en latence, en sommeil, et cesse sa croissance à 37 degrés. Rouxiella a été choisi en hommage à Emile Roux, proche collaborateur de Louis Pasteur qui a dirigé l'institut de 1904 à 1933. Le nom de l'espèce a été choisi en référence à Chambery, lieu de son apparition.Après le séquençage de l'intégralité de son génome et sa caractérisation complète, cette bactérie vient d'être officiellement reconnue par le Comité international de taxonomie bactérienne, souligne l'Institut Pasteur.
Un nouvel éclairage dans le cadre de l'enquête judiciaire
"L'hypothèse la plus probable" pour expliquer les décès des bébés à l'hôpital de Chambéry est "un accident de production isolé survenu le 28 novembre au laboratoire Marette" fournisseur des poches de nutrition incriminées, avait estimé le 24 janvier 2014 la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Aujourd'hui cette hypothèse doit être réexaminée à la lumière de cette nouvelle découverte. Les chercheurs de la Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence (CIBU) de l'institut, doivent apporter leur expertise dans le cadre de l'enquête judiciaire, qui devrait permettre d'établir le scénario de contamination des poches de nutrition, et de comprendre d'où provient cette bactérie, quel est son mode d'action. En conséquence, l'activitée du laboratoire Marette avait été suspendue puis il avait fermé.
Reportage Thierry Cléon et Carole Lefrançois
Jean-Luc Marette: fondateur du laboratoire Marette