La ministre de l'Ecologie et de l'Energie assure que l'anomalie de fabrication décelée sur la cuve du réacteur entraînera des "ajustements de travaux". L'ouverture de la centrale EPR risque toutefois d'être encore repoussée "d'une année".
Après la tempête soulevée par les révélations de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, Ségolène Royal a tenté de relativiser l'importance accordée à cette "anomalie". La ministre qui s'exprimait ce dimanche sur le plateau de France 5 dans l'émission C Politique assure que l'EPR "n'est pas condamné". (Voir ou revoir l'émission ici. Le passage consacré à l'EPR débute à 28'40). "Ce sont des travaux très lourds, très complexes, précise la ministre qui évoque de simples "ajustements" qui seraient somme toute assez normaux, "comme dans tous les travaux industriels, même ceux menés en dehors de la filière nucléaire". Ségolène Royal ajoute toutefois qu'EDF " a communiqué pour dire que l'ouverture serait sans doute retardée d'une année".
Une "anomalie" de plus sur un chantier déjà retardé de 5 ans.
L'anomalie de fabrication détectée sur la cuve de l'EPR est "sérieuse" a estimé le président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire qui s'exprimait à l'Assemblée devant des députés (voir ici la vidéo de l'audition). Pierre-Franck Chevet a souligné que l'ASN entendait se forger une conviction très forte avant de trancher sur ce dossier.##fr3r_https_disabled##Reportage de France 2 diffusé dans le JT de 13 heures le 17/04/2015
Europe Ecologie exige l'arrêt du chantier
Depuis que l'information a été rendue publique, les opposants au nucléaire n'ont de cesse de dénoncer les retards accumulés (le réacteur devait initialement entrer en service en 2012) et le gouffre financier que représente ce chantier (le coût de l'EPR d'abord estimé à 3,5 milliards d'euros a été maintes fois réévalué; EDF parle aujourd'hui d'une facture de 8,5 milliards d'euros). Aujourd'hui, Europe Ecologie - Les Verts s'interroge sur la fiabilité de ce réacteur de troisième génération, pourtant présenté comme étant le plus sûr du marché : "la nature des défauts constatés rend la démonstration de la sûreté très difficile, expliquent les écologistes. Réparer ou remplacer les équipements défectueux apparaît difficilement réalisable et particulièrement coûteux". Europe Ecologie demande donc une nouvelle fois l'arrêt du chantier tout en se demandant "pourquoi rendre publics des résultats de tests connus depuis 2014, et pourquoi les travaux sur le chantier se sont poursuivis malgré ces défauts ?"
Le nucléaire à l'épreuve de la transparence
Selon la ministre de l'Ecologie, "la clarification est faite, les choses sont dites, il y a un complément d'examens, de tests qui vont avoir lieu, dont les résultats seront rendus publics à l'automne prochain, et ensuite les travaux reprendront". Ségolène Royal voit dans cet épisode la preuve qu'un progrès extraordinaire a été accompli en matière de diffusion de l'information. "Les Français peuvent être rassurés au sens où l'ASN dont j'ai renforcé les pouvoirs dans la loi de transition énergétique, dit les choses. (...) J'apprends en même temps que tous les Français les conclusions de l'Autorité de Sûreté Nucléaire et ça, c'est unique au monde".
L'anomalie concerne la composition de l'acier. Areva qui a fabriqué la cuve a proposé des tests complémentaires visant à cerner "l'importance de l'anomalie, essayer de la qualifier et de voir quels impacts elle a potentiellement sur la sûreté", selon le président de l'ASN. Cela
représente "un très gros travail de plusieurs mois".
Dans un communiqué publié ce dimanche, EDF explique que "les processus industriels employés sur la cuve de Flamanville 3 correspondent aux spécifications mécaniques mises en oeuvre et validées sur le programme de réacteurs nucléaires français" mais qu'un arrêté datant de 2005 (NDLR, soit avant l'ouverture du chantier) "exige au plan des performances mécaniques de nouvelles spécifications, à mettre en oeuvre sur Flamanville 3". D'où cette "anomalie" qui oblige l'industriel à s'assurer que l'acier répond bien à tous les critère exigés. En attendant, l'électricien juge nécessaire de préciser : "Dans l'état actuel des informations disponibles, EDF confirme que le chantier de l'EPR de Flamanville se poursuit."