Le spécialiste français du nucléaire, actuellement en difficulté, a annoncé ce jeudi sont intention de réduire de 15% ses "frais de personnel". Salon les syndicats, de 3000 à 4000 emplois pourraient être supprimés en France. Le DRH d'Areva a confirmé.
Le spécialiste du nucléaire Areva, en difficulté, a annoncé ce jeudi viser une très forte réduction de ses frais de personnels en France mais l'impact en termes d'emploi dépendra de l'issue de négociations avec les syndicats, qui estiment que des milliers de postes sont menacés.
"Areva vise une réduction de ses frais de personnel de l'ordre de 15% en France et de 18% au total au niveau mondial", a indiqué le groupe dans un communiqué, ajoutant que "l'impact précis en terme d'emploi fera l'objet de discussions avec les organisations syndicales". Il dépendra des économies obtenues sur d'autres leviers comme la rémunération, l'organisation de la production et le temps de travail.
Selon les syndicats, cet objectif de 15% pourrait signifier "3.000 à 4.000" suppressions de postes en France, une autre source syndicale évoquant le chiffre de "3.500" emplois, et l'objectif de 18% au niveau mondial "entre 5.000 à 6.000". En milieu de matinée, le DRH d'Areva, François Nogué, a confirmé cette estimation
Le groupe emploie actuellement 45.000 personnes dans le monde, dont environ 30.000 en France. Les frais de personnel du spécialiste du nucléaire atteignent aujourd'hui 3,5 milliards à 4 milliards d'euros, un niveau qui n'est plus soutenable par rapport aux 8 milliards de chiffre d'affaires du groupe, selon le dirigeant. Areva, qui a accusé une perte nette de près de 5 milliards d'euros l'an dernier. "L'effort sera plus important pour les fonctions support, corporate et siège" , afin de préserver les compétences du groupe dans les activités nucléaires, a ajouté M. Nogué au cours d'une réunion avec la presse.
Le géant français de l'atome, détenu à près de 87% par des capitaux publics, tient jeudi matin une réunion avec les syndicats. Le groupe entend ouvrir une première étape de négociations jusqu'en juin pour "structurer le dialogue social et la gestion de l'emploi et des compétences en 2015, 2016 et 2017".
Areva, qui a accusé une perte nette de près de 5 milliards d'euros l'an dernier, a annoncé début mars un plan d'économies de 1 milliard d'euros d'ici 2017. Outre le volet social, il reposera également sur l'amélioration de la politique d'achats et de la productivité. Le directeur général d'Areva, Philippe Knoche a répété à plusieurs reprises que le groupe ferait tout pour que, s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat.
Reportage de Sylvain Rouil et Stéphanie Lemaire
Intervenants:
- Dominique Hébert, CGT Areva La Hague
- Geneviève Gosselin-Fleury, députée PS de la Manche
- Philippe Launay, FO Areva La Hague
En attendant le verdict pour la France, Areva a déjà prévu de tailler dans ses effectifs en Allemagne, avec 1.500 postes supprimés d'ici 2017, et a aussi licencié 170 salariés au Niger sur sa mine d'uranium d'Imouraren (Nord), dont le chantier est suspendu depuis août dernier.
Le plan de financement toujours attendu
Areva doit également aboutir sur son plan de financement, qui reposera notamment sur un rapprochement avec l'électricien public EDF, déjà proche partenaire du groupe dans le nucléaire. Alors que les discussions sur la future stratégie sont en cours, notamment avec l'Etat, deux scénarios sont sur la balance.
Le premier consisterait en la cession totale de la branche Areva NP (réacteurs et ingénierie) à EDF, un projet d'ores et déjà rejeté par certains syndicats du groupe. Le second verrait le regroupement des équipes d'ingénierie d'Areva NP et d'EDF sous le contrôle de l'électricien. Dans ce scénario, Areva pourrait rechercher à l'extérieur des partenaires dans certaines de ses activités (mines, réacteurs, maintenance, etc.).
Des informations de presse ont notamment rapporté l'intérêt d'Engie (ex-GDF Suez) pour les activités de maintenance des réacteurs, ou encore celui des géants chinois du nucléaire CGN et CNNC, déjà partenaires d'Areva et EDF sur la construction de deux EPR en Chine, pour la division réacteurs. Mercredi, le patron de CNNC n'a pas démenti mais s'est guère avancé, se disant "ouvert à toutes formes de coopération" et évoquant des "contacts préliminaires" sur le sujet.