Atmosphère de plus en plus pesante au procès de Sylvain Jouanneau. Le père de Mathis refuse de livrer des informations permettant de localiser l'enfant et se permet même quelques provocations à l'égard de la cour.
"Vous racontez n'importe quoi! Il n'y a que vous qui y croyez", s'agace Me Louis Balling, un des avocats des parties civiles, alors que l'accusé continue à affirmer qu'il a confié Mathis à des tiers, à l'étranger, aux alentours du 4 septembre 2011, date à laquelle il aurait dû le ramener à sa mère à Caen. L'avocat général Pascal Chaux dénonce lui "toutes les incohérences" de l'accusé.
L'ombre d'un meurtre de l'enfant a ainsi continué à planer sur ce procès. Lorsque la présidente de la cour Antoinette Lepeltier-Durel demande à l'accusé pourquoi il a laissé le réhausseur de Mathis dans la voiture qu'il a abandonnée près de Bayonne aux alentours du 4 septembre, Sylvain Jouanneau reste longtemps silencieux, regarde son avocate, avant de répondre qu'il n'en avait pas eu besoin car il était ensuite parti en camping-car avec Mathis. Sans plus de précision, "pour ne pas mettre en danger des personnes que je veux protéger", comme il le répète inlassablement.
L'accusé a été vu le 4 septembre 2011, près de Bayonne, puis plusieurs fois entre le 12 octobre et le 9 décembre, date de son arrestation, près d'Avignon, par au moins six témoins, mais toujours seul. "Quand on a entendu (à la barre ndlr) vos parents, la mère de l'enfant", suppliant de dire où était Mathis, "pensez-vous que ce silence est compréhensible?" le relance M. Chaux.
Sylvain Jouanneau, qui a fait de nombreux séjours en hôpital psychiatrique depuis vingt ans, se mure dans le silence ou passe à "la provocation de la cour" selon les termes de l'avocat général: "Vous ne les avez pas trouvés", les gens à qui l'enfant aurait été confié, lance ainsi l'accusé. "S'il faut que je vous reprenne à chaque terme!" ose dire aussi Sylvain Jouanneau, à l'avocat général.
"Je suis convaincu que M. Jouanneau aimait son fils. Mais à partir de l'enlèvement, Mathis devient un outil pour lui", a estimé l'expert psychologue Florent Gatherias, sceptique sur le fait que l'accusé puisse se mettre à parler dans l'immédiat. Sylvain Jouanneau, dont le casier judiciaire est vierge, encourt 30 ans de prison. Le verdict est attendu jeudi ou vendredi.
Retour sur cette deuxième journée de procès avec le reportage de Franck Bodereau et Jean-Michel Guillaud
Intervenants:
- Nathalie Barré, mère de Mathis
- Louis Lebocey, médecin de la famille Jouanneau
- Maître Véronique Demillière, avocate de Sylvain Jouanneau
- Maître Louis Balling, avocat d'Emmanuelle Lecerf