La filière AOP Camembert, Pont-l'Evêque et Livarot estime être la victime collatérale de la fin des quotas laitiers et de l'effondrement des prix du lait. Certains producteurs seraient même menacés. Ils réclament une table des négociations avec tous les acteurs de la filière.
"Aujourd'hui, moi et mes collègues nous ne sommes mêmes pas smicards pour 60 heures de travail par semaine". Benoît Duval, président Union des producteurs de lait AOP Normandie, avait convié la presse ce lundi sur ses propres champs, à Sainte Honorine-la-Guillaume, pour lancer le cri d'alarme de toute une profession.
Les 650 producteurs de lait d'appellation d'origine contrôlée (AOP) pour le camembert, le pont-l'évêque et le livarot subissent de plein fouet, comme tous les éleveurs laitiers, l'effondrement du cours mondial du lait: 300 euros la tonne contre 360 l'an dernier. Depuis le 1er avril et la disparition des quotas, c'est ce cours mondial qui fait loi. Une loi sur laquelle s'appuie la grande distribution pour imposer ses prix.
Sur un marché qui ne leur fait pas de cadeau, les producteurs AOP estiment être plus handicapés que d'autres. L'appellation d'origine contrôlée entraîne des obligations: ainsi 80% de la nourriture des animaux est produite sur place. Ces obligations ont un coût qui n'est pas pris en compte par les acheteurs, selon les éleveurs. Ils réclament donc une négociation avec l'ensemble de la filière dont les grandes surfaces pour fixer un prix plancher. En attendant, l'union des producteurs a lancé le blocage des déclarations d'identification des exploitations.
Reportage d'Hélène Jacques et Gildas Marie
Intervenants:
- Benoît Duval, président Union des producteurs de lait AOP Normandie
- Thierry Leroux, producteur de lait AOP