23 ans après la disparition de Cécile Vallin : "Ce nouvel appel à témoins fait renaître l'espoir de savoir"

Cela fait 23 ans que Jonathan Oliver fait tout ce qui est en son pouvoir pour retrouver sa fille Cécile, disparue le 8 juin 1997 en Savoie. Dans ce "cold case", aucune piste vraiment sérieuse. Mais l'appel à témoins lancé fin mai par la Police nationale suscite un immense espoir.

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Qu'est-ce qu'une bonne nouvelle quand on est le parent d'une enfant disparue depuis 23 ans ? "Avant, les bons moments, c'était quand j'apprenais que le dossier d'instruction n'était pas refermé, explique Jonathan Oliver. C'est ma principale angoisse, que la justice arrête ses recherches alors qu'il y a quelqu'un, quelque part qui sait ce qui est arrivé à ma fille.

Mais quand il a appris le 25 mai, à l'occasion de la journée des enfants disparus que l'OCRVP lançait un appel à temoins, ça a été une grande joie, un soulagement énorme!"

Des policiers spécialistes des "Cold Case"

En 1997, l'Office central de répression des violences aux personnes n'existait pas. Il a vu le jour dix ans plus tard. 80 personnes travaillent dans cette composante de la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière (SDLCODF) de la direction centrale de la police judiciaire. Les séquestrations et enlèvements, la pédopornographie, les dérives sectaires graves, la découverte de cadavres non identifiés, les disparition de mineurs, c'est leur domaine.

"Au mois de décembre dernier, nous avons reçu une demande d'évaluation du dossier Cécile Vallin par la juge d'instruction d'Alberville, explique Eric Berot, le patron de l'OCRVP. Sept personnes travaillent à plein temps sur les disparitions de mineurs et un binôme en particulier a tout épluché, les 1500 cotes du dossier d'instruction, tous les procès-verbaux et au regard de ces éléments, nous avons décidé de lancer un appel à témoins à l'occasion de la journée des enfants disparus." 

C'était la garantie d'un écho médiatique. Mais de là à imaginer de nouvelles pistes sérieuses dans cette affaire, "on ne peut pas le dire aujourd'hui insiste Eric Berot, prudent. Mais nous travaillons, nous avançons. Ce qu'il faut bien comprendre c'est que dans tout dossier, aussi compliqué soit-il, il y a toujours des élèments à explorer de nouveau, des investigations à compléter, des témoins à entendre une nouvelle fois, des axes d'enquête différents à prendre. Nous avons un regard complètement neuf sur ce dossier."

Nous avons un regard complètement neuf sur ce dossier - Eric Berot, patron de l'OCRVP

L'enquête a-t-elle mal démarré? 

Cécile avait 17 ans, 17 ans et demi en fait. "Il ne faut pas se leurrer, les enquêteurs ont d'abord cru à la fugue d'une adolescente, explique son père. Même si j'ai toujours eu confiance en la justice, même si les recherches ont commencé dès le lendemain de sa disparition, il y a eu des lourdeurs. Si Cécile avait été plus jeune, est-ce que cela se serait passé de la même manière? Et puis Cécile, une fugueuse? Quand on connaît la personnalité de ma fille, on sait que c'est impossible."

 

Si, à aucun moment, Jonathan Oliver n'a voulu se substituer à la justice dans ce dossier hors normes, il regrette que les entretiens menés par les gendarmes de Saint-Jean-de-Maurienne auprès des copains qui étaient avec elle le samedi soir, la veille de sa disparition le 8 juin 1997, n'aient pas été approfondis.

Il me semble que les investigations des premiers jours n'ont pas été poussées suffisamment - Jonathan Oliver, père de Cécile -

"Cela ressemble plus à une prise de notes. Il me semble que les investigations n'ont pas été poussées suffisamment. Avec Maryse, sa maman ( ndlr : après s'être beaucoup investie, Maryse Vallin a décidé de ne plus parler et se mettre en retrait), on trouvait qu'il y avait beaucoup trop de lourdeurs dans l'organisation." 

Pour ces premiers entretiens jugés trop rapides, pour les pistes inexploitées, pour celles qui ont été perdues, pour la vérité qui se cache sans doute dans le dossier, comme le pense son avocate, maître Caty Richard, le travail de l'OCRVP suscite un immense espoir,  "car on sait, dit Jonathan Oliver, que dans ce genre d'affaire, en tirant sur une petite ficelle, on peut remonter à une information importante qui peut conduire à la vérité."

En septembre 2013, nous avions rencontré Jonathan Oliver, son avocate et ses proches. Reportage d'E.Flahaut, S. Lemaire, F.Leroy. Montage F. Hauville

 

Un logiciel qui fait la chasse aux criminels

C'est donc la première fois que les policiers de l'OCRVP travaillent sur cette affaire et ils sont aidés par les psychologues de l'ACP, l'unité d'analyse comportementale psycho-criminologique, que l'on appelle aussi des profilers. Ils doivent d'ailleurs bientôt rendre leurs conclusions.  

Ils ont aussi à leur disposition le logiciel SALVAC, pour  Système d’analyse des liens de la violence associée aux crimes. Un système informatique canadien conçu pour aider les enquêteurs à cerner les tueurs en série en établissant les liens qui existent entre les crimes perpétrés par un même délinquant. 

"Des éléments sur la disparition de Cécile avaient déjà été entrés dans le logiciel et nous avons pu mettre à jour et compléter le dossier. Mais attention, il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour avoir le résultat. Il faut deux ans pour former un analyste SALVAC et il faut du temps aussi pour croiser les informations. Mais c'est une aide grandement précieuse" souligne Eric Berot.

Cinq mois d'évaluation du dossier qui a conduit à un appel à temoins et désormais la certitude de pouvoir continuer à travailler dessus, puisqu'Eric Berot vient juste de recevoir la commission rogatoire du juge Coralie Bourille-Noël en charge de l'instruction. Pour Jonathan Oliver, il ne cesse de le répéter, c'est un immense soulagement.

L'espoir renaît

Ces1500 cotes qui composent le dossier, ils les connaît par coeur puisque, pour aider les enquêteurs, il les a recensées dans un tableur informatique, il y a plus de dix ans, avec l'aide de ses amis et voisins de sa maison de Pierrefitte-en-Cinglais dans le Calvados, là où a grandi Cécile enfant.

Un travail titanesque qui s'ajoute à ses déplacements chez son avocate, chez la juge d'instruction, ses interviews données à tout journaliste qui s'intéresse à l'affaire, avec toujours la même patience et la même gentillesse.

 

 

A 75 ans, fatigué par 23 années à chercher inlassablement Cécile, Jonathan Oliver, si doux, si humble, sourit et dit son bonheur de pouvoir changer sa facon d’exprimer sa satisfaction. "Avant c'était de facon non négative, quand après de nouvelles demandes d'actes, on obtenait avec mon avocate que le dossier ne soit pas refermé. Aujourd'hui, grâce à cette prise en charge du dossier par l'OCRVP, par des professionnels de la disparition, j'exprime ma satisfaction de manière très positive. Peut-être que je ne saurai jamais ce qu'est devenue Cécile, mais je ne suis pas résigné. L'espoir renaît."

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