C'est un sacré rebondissement ! Quelques jours après avoir restreint fortement l'accès des ses eaux aux pêcheurs français, Jersey vient de rétropédaler et de rouvrir provisoirement son espace maritime à la flotte titulaire du permis "Baie de Granville" jusque fin avril.
Depuis l'entrée du vigueur du Brexit le 1er janvier dernier, la grande majorité des pêcheurs français ne pouvaient plus se rendre dans les eaux de Jersey. Seuls 57 navires tricolores sur 344 avaient le droit d’y pénétrer, parmi eux, seuls 36 étaient normands. Cette situation de restriction de pêche devait se poursuivre jusqu'à la fin de la période transitoire, fixée au 30 avril.
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Mais mercredi 27 janvier : coup de théâtre ! Trois jours après l'annonce de la réduction de l'accès à ses zones de pêche, les autorités de l'archipel annonçaient un accord avec la commission européenne pour un accès provisoire pour l'ensemble des détenteurs des permis "Baie de Granville", qui pourront donc aller pêcher dans les eaux de l'île anglo-normande. A ce jour, 155 navires normands sur 340 navires français font partie de cette catégorie.
C’est une première bonne nouvelle mais le gros du travail commence maintenant, afin d’instaurer un système d’accès durable.
En ce qui concerne la règlementation, un système provisoire est mis en place sur la base des règles qui prévalaient en 2020. Il s'agit là d'un "premier pas" qui doit en amener d'autres rapidement selon le Comité Régional des Pêches Maritimes en mer de Normandie (CRPMEM), qui précise que "ces aléas ont retardé d’un mois les discussions sur le fond d’un nouveau système" que les professionnels de la pêche dans la région souhaitent "boucler pour fin mars".
Eviter l'anéantissement d'efforts de pêche de plusieurs décennies
Les professionnels normands se battent actuellement pour que le Traité de la Baie de Granville, datant du 4 juilet 2000 puisse revenir en vigueur. Si ce n'était pas le cas, ils s'inquiètent surtout des conséquences sur l'économie locale mais pas uniquement. Ils souhaitent également que le nouveau mécanisme d'accord favorise la pêche artisanale et les quotas de préservation mis en place au prix de nombreuses tractations lors des dernières décennies.
Cela pourrait avoir de grosses conséquences pour les ressources de coquilles Saint-Jacques, de bulots et de crustacés, pour lesquelles un gros travail de préservation a été instauré au fil du temps. Toujours selon le CRPMEM, les bouleversements actuels "ne doivent pas être aussi prétexte à modifier les équilibres régionaux en eaux françaises ou à modifier les régimes administratifs de compétences en mer".