Plusieurs centimètres de neige sont tombés en Normandie le 9 janvier 2024, faisant notamment craindre aux agriculteurs la dégradation de leurs arbres fruitiers.
La Normandie a été surprise par un enneigement plus fort que prévu, en cette deuxième semaine de l'année. Alors qu'étaient attendus un à trois centimètres de neige, certains secteurs de la région ont été recouverts par un manteau blanc, une couche de huit centimètres.
La neige, source d'inquiétude
Pour les agriculteurs, l'enneigement est source d'inquiétude, celui-ci pouvant aller de pair avec les gelées, capables d'abîmer les cultures.
Aussitôt la neige tombée, mardi 9 janvier 2024, Alexandre Assgard, agriculteur à la Ferme des Deux Rives, à Val-de-Reuil, dans l'Eure, est allée vérifier l'état de ses cultures. Dans son exploitation, qui emploie huit salariés en insertion professionnelle, le cœur du métier, ce sont les champs de poireaux. "Des cultures qui résistent au froid", selon l'agriculteur.
"Ça risque de faire des dégâts"
Mais une partie du terrain est consacrée aux cerises, abricots, pommes et poires. En cette semaine neigeuse, les agriculteurs craignent une perte des récoltes. Car, contrairement aux légumes, les arbres fruitiers souffrent davantage du froid. Certains développent en ce moment leurs bourgeons, et les gelées ne sont pas sans conséquences dans cette période critique.
"Visuellement, on ne voit pas de dégâts, confie Alexandre Assgard après inspection de ses arbres fruitiers. Mais le gel a dû abîmer les bourgeons, c'est juste qu'on ne voit pas", pondère-t-il immédiatement. Pour les fruits, donc, "il faut craindre que la récolte ne soit pas excellente", avance même l'agriculteur.
Le gel a dû abîmer les bourgeons.
Alexandre Assgard, agriculteurà France 3 Normandie
Une conjoncture particulièrement cruelle touche les agriculteurs normands en ce début d'année : les premiers mois d'hiver doux ont été propices au développement des bourgeons, qui sont sortis de leur sommeil plus tôt que la normale. La vague de froid soudaine de ce début janvier vient donc saper leur développement. "Soit ça les tue, soit ça les rendort, mais dans tous les cas, c'est pas très bon", explique Alexandre Assgard.
Le risque du gel
À Créances, dans la Manche, la neige de janvier a mis en pause les récoltes de légumes. À genou dans la poudreuse, Michel Letouzé est l'un des rares restés à pied d'œuvre pour déterrer ses "carottes des neige", rit-il.
Les flocons de cette semaine n'ont certainement pas eu d'incidences sur ses cultures. "La neige, ça protège ce qu'il y a en dessous", avance-t-il. "C'est après, s'il y a du gel, que ça risque de faire des dégâts", avance l'agriculteur, inquiet pour ses pommiers. Il garde en mémoire les douloureux épisodes de gel de 2010 et 2013. Ils avaient infligé de grandes pertes lors des récoltes. Le gel, accompagné par les pluies, gorge les sols d'eau, rend l'arrachage difficile et les légumes trop mous.
Les épisodes neigeux impliquent aussi un ramassage plus difficile. Le 9 janvier, Michel Letouzé a pu récolter deux fois moins de carottes que sur une journée normale.