De 1873 à 1970, il était possible de rallier Flers par le train en partant de Caen. Depuis plusieurs années, la CGT cheminot de Caen récaleme la réouverture de cette ligne. Une journée de mobilisation était organisée ce samedi 29 mai à Condé-en-Normandie.
Le train en Normandie est un sujet délicat voire douloureux pour certains usagers. Lors de la précédente campagne des Régionales, le candidat Hervé Morin avait fait du cheval de fer son cheval de bataille. Devenu président de Région, il a engagé la Normandie dans un des tout premiers partenariats conclus avec la SNCF pour assurer la gestion du transport ferroviaire par une collectivité locale et lancé un programme de rénovation des trains normands. Pour les grandes lignes. Quelques années plus tard, alors que la campagne bat de nouveau son plein, la CGT cheminots de Caen tente d'attirer l'attention sur une ligne que beaucoup avaient sans doute oublié.
Car la ligne Caen-Flers a cessé de transporter des voyageurs en 1970 (avant de définitivement s'arrêter en 1979). Depuis les années 80, la CGT cheminot de Caen a entamé un long combat pour la relancer. Et organisé ce samedi 29 mai à Condé-en-Normandie une journée de mobilisation et débat sur ce dossier. Pour le syndicat majoritaire à la SNCF, il en va de la défense d'une certaine idée du service public. "Notre conception du réseau ferroviaire, ce n'est pas uniquement la desserte des métropoles mais l'irrigation du territoire", affirme Laurent Brun, le grand patron de la puissant fédération nationale CGT des cheminots, "Plus le territoire est irrigué, plus le réseau structurant (ndlr : le réseau principal) est efficace. Et c'est le contraire qui se passe aujourd'hui : on conserve le réseau structurant et on se débarrasse des petites lignes, qu'on laisse aux collectivité locales le soin de gérer, quand elles en ont les moyens."
Ils étaient près de 200 à défiler ce samedi entre la mairie de Condé-en-Normandie et l'ancienne gare aujourd'hui désaffectée au nom de la défense du service public et du dynamiseme des petites villes, comme Condé, située entre Caen et Flers. "On estime qu'il y a du potentiel (1500 à 2000 voyageurs par jour selon la CGT) et les emprises, pour l'essentiel, existent encore donc c'est possible de la réouvrir", plaide Laurent Brun, qui estime qu'à l'heure de la mise en concurrence du rail, le service public passe par la défense de ces lignes modestes, peu rentables. "On ne parle plus de service public aujourd'hui mais d'équilibre des comptes, de développement du bénéfice, de marges financières", déplore le secrétaire général.
Réchauffement climatique
Si la CGT mène le combat de la réouverture de la ligne Caen-Flers depuis de nombreuses années sans le voir aboutir jusqu'à présent, elle sait aussi que de nouvelles problématiques et préoccupations ont émergé et viennent appuyer son projet. "Une ligne entre Caen et Flers, c'est du local et en même temps c'est une problématique mondiale, celle du réchauffement climatique", indique Michel Moisan, membre du collectif Unis pour le climat de Caen (qui organise, ces dernières années, les marches pour le climat), "Avec la voiture électrique, c'est toujours le même modèle de la voiture individuelle qui est promu et les transports en commun ne sont pas développés. Depuis les années 50, les transports en commun sont devenus le mode de transport résiduel alors que c'est l'inverse qui devrait exister". Et les défenseurs de la réouverture de la ligne Caen-Flers de mettre en avant l'existence parallèle de la voie verte et la complémentarité du train avec le vélo.