Au troisième jour de son procès aux assises pour l'enlèvement et la séquestration de Mathis, son fils de 8 ans, en 2011 à Caen, l'accusé est une nouvelle fois entré le poing levé dans la salle d'audience, devant les nombreuses caméras présentes. "C'est un geste synonyme de combat" dit-il.

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"Ce n'est pas un geste de provocation" a-t-il assuré à la à la présidente du tribunal, Antoinette Lepeltier-Durel, qui lui demandait des explications pour ce geste. "Je suis face à des gens qui m'agressent", a-t-il ajouté sur un ton toujours très posé et calme, faisant apparemment allusion aux parties civiles. Étant donné "la forte médiatisation", "plutôt que de montrer quelqu'un qui s'écroule, si des personnes doivent avoir une image de moi je préfère qu'elles voient quelqu'un de combatif", a ajouté M. Jouanneau. "Je m'écroulerai ce soir dans ma cellule", a-t-il dit.

"Il est toujours dans sa logique, poursuit son avocate. C'est quelqu'un qui ne montre pas ses affects. C'est un geste qui montre qu'il entend assumer jusqu'au bout le fait d'être parti avec son fils" argue encore Maître Demillière.  Âgé de 41 ans, Sylvain Jouanneau n'a pas ramené son fils à sa mère le 4 septembre 2011 comme il aurait dû le faire. Il a été arrêté le 9 décembre 2011, seul, près d'Avignon après avoir été aperçu à six reprises par des témoins, mais toujours seul.



Malgré les demandes répétées des proches de Mathis, épuisés, et celles des magistrats, il se contente de dire qu'il a confié Mathis à des tiers à l'étranger et refuse d'en dire plus afin, selon lui, de "protéger" ces tiers. Dans un brouillon de lettre retrouvé sur son ordinateur et lu mercredi à l'audience, M. Jouanneau affirme que son fils est "sous protection musulmane". "Sur le fond, je pourrais écrire la même lettre aujourd'hui", a indiqué l'accusé, chemise bleue, longue queue de cheval et barbe noires.

Le compte-rendu de Franck Bodereau (images de Jean-Michel Guillaud)


La personnalité de l'accusé, "psycho-rigide", "immature" pour certains experts, inquiète d'autant plus la partie civile que du matériel de boucher a été retrouvé en sa possession. "Il a sûrement eu des projets criminels. Maintenant, ce n'est pas un homme courageux" considère Maître Aline Lebret, l'avocate de la maman du petit Mathis qui poursuit, cinglante :

Il s'en est pris à la personne la plus faible de cette histoire, à Mathis. Mais il n'a pas grand courage pour affronter les adultes."



"Il faut parler de Mathis. On ne parle pas assez de Mathis dans ce procès déplore sa maman. Et c'est pourtant lui qui est au coeur du débat. C'est lui qu'on cherche". Alors que le procès est maintenant bien avancé, Nathalie Barré ne peut s'empêcher de penser au pire. "J'essaye de tenir. Mais je me dis que c'est de plus en plus possible qu'il ait tué Mathis. Et c'est ça qui est dur" dit-elle dans un entretien qu'elle a accordé à Franck Bodereau et Jean-Michel Guillaud.

Nathalie Barré : "j'essaye de tenir"
 

 

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