Bayeux : la guerre s'invite à nouveau

Depuis 22 ans, la guerre revient dans la ville avec les images et les récits des reporters de guerre. Cette année les drapeaux noirs de Daech planent sur Bayeux et les réfugiés traversent le cadre sous nos yeux.

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Je n'aime plus quand le ciel est bleu... Je préfère quand le ciel est gris. Les drones ne volent pas quand le ciel est gris

expliquait en octobre 2013 devant le congrès américain ,à 13 ans, Zubair Rehmann victime d'une attaque de drones au Pakistan dans les zones tribales. Tomas van Houtryve n'est pas retourné là-bas pour dénoncer la sale guerre du président Obama, pilotée depuis une zone sécurisée pas loin de Las Vegas. Non, le photographe a préféré tendre à l'Amérique son appareil photo, accroché à un petit drone en traversant la plus grande puissance du monde en touriste. 
Les ombres grossissent comme un cadran solaire au zénith avec cet angle de vue plongeant sur un pays en paix. Le plaidoyer fait mouche. La guerre propre n'existe plus on est comme l'opérateur aux commandes distanciées, tout est motif à vouloir appuyer sur le bouton.

La calme séance de Yoga dans un campus californien devient ainsi une possible prière, un appel au Djihad.
Dans le reste de Bayeux, l'enfer du califat islamique s'accroche sur les murs de la ville. Ce drapeau noir plane sur la cité, prise de guerre brandie par les kurdes et les chiites comme pour conjurer la barbarie.
 

Les photos d'agence n'ont qu'un point de vue, les barbares ne voulant pas de nos témoins. Des hommes en armes avec des survets comme au Havre ou à Sarcelle font des selfies . Les regards sont forts, les hommes essayent d'avoir fière allure, voulant oublier l'enfer d'une occupation d'un autre âge. 

Les gens fuient, fixant l'objectif. Ces hommes, femmes enfants ont depuis traversé la photo. Ils dorment aujourd'hui dans nos jardins publics en attendant de traverser la Manche pour un nouveau départ. 
 

En poussant la porte de la chapelle, juste à côté de la tapisserie, on comprend comment on en est arrivés là. Moises Saman nous livre 4 ans d'images. En Tunisie, Egypte, Libye et Syrie, ce reporter chevronné, il a été un des premiers témoins en Afghanistan après le 11 septembre, nous renvoie à notre histoire. Les regards sont vides, les hommes à terre, à quoi bon crier, la guerre est arrivée trop vite après le printemps.
Ces photos font écho aux icônes, les pietas se succèdent comme pour nous dire que rien ne change jamais, accroché au corps de celui qu'on aimait, nous ne sommes que des hommes balayés par la tragédie, l'histoire.


 

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