Les bureaux de la CPAM du Calvados étaient fermés ce mardi 9 mai. L'ensemble des conseillers maladie du département se sont mis en grève pour dénoncer le recul du service public, et notamment la fermeture des centres d'accueils au public et la dématérialisation des démarches.
Le mouvement est spontané, motivé par un ras-le-bol insupportable. Les 35 conseillers maladie de la CPAM du Calvados se sont mis en grève ce mardi après-midi pour dénoncer les conditions de traitements des assurés.
"On fait grêve contre le recul du service public, la fermeture de nos accueils, le tout rendez-vous, le compte Améli, les démarches en ligne", énumère Carole Josse, conseillère gréviste. Elle relate recevoir tous les jours des assurés démunis devant la complexité des procédures.
"Les gens ont besoin d'être aidés, qu'on les accompagne pour faire leurs dossiers. Or, avec les démarches en ligne, c'est n'est pas possible. Avec les courriers, c'est compliqué". Elle a bien conscience des difficultés pour les assurés de comprendre le jargon administratif, et ne supporte pas de voir que certaines personnes finissent par abandonner leur démarches.
"Beaucoup de gens sont laissés sur le bas-côté. Ils sont tellement découragés qu'ils ne font plus leur démarches et ne font plus valoir leurs droits.
Carole Josse, conseillère maladie à la CPAM du Calvados
La trentaine d'agents rassemblés devant le centre départemental de la CPAM à Caen réclame la réouverture des accueils au public, notamment dans les "quartiers sensibles". "A Hérouville, avant on avait un accueil ouvert du lundi au vendredi. Maintenant, on est ouvert deux jours, uniquement sur rendez-vous", détaille Carole Josse. En conséquence, soit les assurés font l'effort de se déplacer jusqu'au centre départemental de Caen, "soit ils ne viennent plus, parce que complètement découragés".
Face à ces constats, la direction réplique en arguant que les enquêtes menées chaque trimestre auprès des assurés montrent que le Calvados a l'un des meilleurs taux de satisfaction de France. Par ailleurs, avec 14 points d'accueil, le département est l'un des plus densément dotés de France.
Nous sommes vigilants à accompagner de façon attentionnée les personnes éloignées du numérique ou en difficulté pour accéder à leurs droits et aux soins. Nous accompagnons les assurés sur l'accès aux droits, la lutte contre le renoncement aux soins, l'accès à un médecin traitant via des actions partenariales nombreuses avec les missions locales, le secours populaire, les restos du cœur.
Communiqué de la CPAM du Calvados
Aujourd'hui, il ne reste que 6 agences dans le département. A Caen, Lisieux, Vire, Bayeux, Falaise et Dives, "qui devrait bientôt fermer" confie une conseillère. De son côté, la direction dément, affirmant qu'aucune fermeture n'est prévue dans l'intégralité du département. D'une cinquantaine d'agents il y a quelques années, il n'en reste plus que 35 aujourd'hui, à qui l'on demande de favoriser au maximum les rendez-vous téléphoniques.
Moins d'agences, moins d'agents
"On s'autorise à fermer des agences qui marchent très bien", se désole Anita Lhoussine, également conseillère. Pendant les vacances, on ferme les agences. On va même jusqu'à fermer les boîtes-aux-lettres !". elle constate que de nombreuses personnes dans la précarité, notamment des SDF, ne viennent plus. "On est sur une grande hypocrisie ! On fait tout pour que la précarité ne soit pas un problème alors qu'on ne nous donne pas de moyen de la réduire".
Pour ces agents écoeurés de ne plus être en capacité de réaliser leur métier dans des conditions acceptables, l'ouverture des Maisons France Service dans les zones éloignées ne peut pas êre considéré comme une solution viable. "Les professionnels aident à l'accompagnement numérique, mais ce n'est pas une réponse pour les problématiques spécifiques".
Le sous-directeur de la CPAM du Calvados est allé à la rencontre des personnels grévistes en milieu d'après-midi. Ces derniers ont brièvement expliqué leurs revendications et se réservent le droit d'organiser d'autres manifestations de leur mécontentement.