Le photojournaliste palestinien Motaz Azaiza a reçu le Prix Liberté 2024 décerné par la région Normandie. Une décision que conteste le porte-parole des associations israélites normandes, à quelques jours de la remise de la récompense, mardi 4 juin au Zénith de Caen.
C'est un prix en l'honneur de la liberté qui ne fait pas l'unanimité en temps de guerre. Le 6 mai, le photojournaliste palestinien Motaz Azaiza - reconnu pour avoir couvert les bombardements meurtriers de l'armée israélienne sur Gaza -, a été récompensé par le Prix Liberté de la région Normandie. En plein conflit israélo-palestinien, la décision est contestée par le consistoire israélite de Normandie.
Un choix "incompatible avec les valeurs de paix"
Le président de l'Association Culturelle Israélite de Caen et des associations israélites de la Région Normandie, Nassim Lévy, a exprimé "sa consternation et sa profonde désapprobation" dans un courrier adressé à Hervé Morin, le président de la région Normandie.
Honorer une personne ayant été associée de près à cette organisation en lui attribuant un prix prestigieux comme le Prix Liberté nous semble incompatible avec les valeurs de paix et de liberté que ce prix est censé représenter.
Nassim Lévy, président des associations israélites de la Région Normandie
Il réclame "l'annulation de cet événement immoral" et reproche à la région d'avoir remis ce prix à un ancien "porte-parole international du Hamas". "Nous tenons à rappeler que le Hamas est reconnu comme une organisation terroriste par plusieurs pays, dont l'Union Européenne et les États-Unis et qui de plus détient encore depuis le 7 octobre des otages", a-t-il déclaré.
Nassim Lévy fonde ses accusations sur les licenciements de plusieurs employés de l’agence des Nations unies pour les réfugiés (UNRWA), soupçonnés par Israël d’avoir participé aux massacres du 7 octobre. Motaz Azaiza ayant été l'un des employés de l'agence, comme 30 000 autres personnes au Proche-Orient, sans que son implication n'ait jamais été mise en cause.
"Un combat pour le droit à l'information"
Le photojournaliste de 25 ans, exilé depuis janvier 2024, a été élu par un jury de 14 265 jeunes issus de 116 pays différents, encadré par l’Institut international des droits de l’Homme et de la paix. "Son combat pour le droit à l'information permet de diffuser des informations sur le conflit et de mettre en lumière les destins des populations affectées par cette guerre", a relayé la région Normandie dans une publication sur Facebook.
Il est l'un des rares, en l'absence de journalistes internationaux, à avoir documenté les destructions et la douleur des Gazaouis, bloqués dans l’enclave par l'armée israélienne. Motaz Azaiza est suivi par 18 millions de personnes sur Instagram et figure parmi les 100 personnes les plus influentes au monde en 2024 selon le palmarès du magazine américain Time.
La Région Normandie se dédouane
En réaction à sa récompense en Normandie, Motaz Azaiza ne peut exprimer "une quelconque joie". "Je suis heureux de savoir que je suis le vainqueur, mais malheureusement je ne peux pas le fêter (...) alors que mon peuple souffre sous les bombes de l'occupation israélienne", a commenté le reporter via son compte Facebook.
De son côté, Hervé Morin, le président de la région Normandie, a fait savoir "que ce vote n'est pas celui de la région Normandie, qui n’intervient à aucun moment dans la sélection des dossiers, des nominés ou du lauréat, mais bien celui de la jeunesse du monde entier, et cela, à chacune des étapes".
Nous portons ce projet en lien avec les autorités académiques et l’institut des droits de l’Homme et de la paix, mais à aucun moment la collectivité ou les responsables politiques n’interviennent dans le choix.
Hervé MorinPrésident de la Région Normandie
Le lauréat recevra le Prix Liberté 2024 au Zénith de Caen, le mardi 4 juin. La région Normandie remettra à Motaz Azaiza un chèque de 25 000 euros afin qu'il puisse poursuivre son combat.