Cette belle histoire qui retrace le parcours de Colette, ancienne résistante caennaise de 93 ans à la recherche d'un frère mort dans un camp de concentration allemand, et Lucie, jeune étudiante qui s'est penchée sur la vie des déportés de Dora, a décroché cette nuit un Oscar : le sacre ultime.
Elle s'est réveillée ce lundi matin à Caen, dans son appartement de la Pierre Heuzé, avec son histoire oscarisée. " Je suis heureuse pour l'équipe du film. Colette, on s'en fiche pas mal, mais cet Oscar ça me réjouit pour l'équipe", confie au réveil Colette Marin-Catherine, ce 26 avril 2021.
Ce voyage vers le passé pour retrouver le chemin parcouru par son frère ses dernières semaines de vie a été bouleversant. "Cela m'a fait repartir entièrement en 1943 et je ne suis pas prête d'en revenir", explique la nonagénaire, un peu soulagée de l'avoir fait, quand même.
Un grand bravo à Colette, ancienne résistante originaire du #Calvados et à Alice Doyard, coréalisatrice de « Colette »...
Publiée par Département du Calvados sur Lundi 26 avril 2021
Ce film-documetnaire, elle l'a accepté non pas pour la gloire mais pour comprendre. "J'ai surtout dit oui parce qu'il y avait avec moi cette jeune Femme Lucie qui a travaillé sur la biographie des déportés de Dora." Ce choc des générations, ce lien avec la jeune femme, ce fût un cadeau considérable. "Les caméras ont su se montrer discrète. On était toutes les deux, au point de les oublier. Jamais on nous a dit de tourner la tête à gauche ou quoique ce soit." D'ailleurs, on peut parier, que Colette ne se serait jamais laissé faire.
Un oscar, quand même !
Ce n'est pas une immense surprise, depuis quelques semaines, on s'attendait à la belle histoire. Le documentaire a déjà été primé dans de nombreux festivals américains. Il est désormais récompensé du sacre ultime : une statuette des Oscars, dont la 93e cérémonie s’est tenue à Los Angeles, ce dimanche 25 avril 2021.
«Colette » d’Anthony Giacchino et Alice Doya raconte le voyage de la caennaise Colette Marin-Catherine, ancienne résistante, à Dora, sur les trace de son frère mort d’épuisement en camp de travail lors de la seconde guerre mondiale.
Cette récompense c'est un hommage aux femmes partout dans le monde. Des femmes qui se tiennent par la main et qui luttent pour la justice. Vive Colette, vive la France.
Le documentaire, salué par la critique à travers le monde, a notamment décroché le titre de meilleur court-métrage documentaire du Big Sky Documentary Film Festival, avant d’être récompensé au Palm Springs ShortFest, au St. Louis International Film Festival et au Fargo Film Festival.
Une stolperstein à Bretteville l'Orgueilleuse
Une Stolperstein a été dévoilée à Bretteville-l'orgueilleuse en 2019 pour rendre hommage à Jean-Pierre Catherine (le frère de Colette), élève à l'école des aspirants de la Marine marchande de Caen, entré dans la résistance en 1940 en formant un groupe avec plusieurs camarades de Bretteville l'orgueilleuse et de Putot-en-Bessin.
Cette pierre pour son frère Jean-Pierre, à Bretteville l'Orgueilleuse, où la famille Catherine tenait un garage, est le plus important pour Colette.
Lors du tournage du documentaire, de la forêt où elle a découvert le crématorium qui a brulé le corps de son frère, elle a ramené un peu de terre. Une fois de retour en Normandie, Colette nous a expliqué avoir fait son deuil, enfin, en allant déposer cette terre dans le jardin de son ancienne maison de Bretteville. C'est peut-être la seule raison qui l'a conduit à aller se receuillir en Allemagne. Elle s'était pourtant juré de ne jamais y aller.