À Caen, un nouveau dispositif pour aider les femmes à allaiter leurs bébés a été mis en place dans l'espace public, par le Réseau de Périnatalité de Normandie. Il s'agit d'un autocollant collé sur la vitrine de certains commerces, pour accueillir les mamans.
Le petit autocollant bleu et blanc attire l'œil des curieux. On y voit un bonhomme tenant un bébé accompagné de l'inscription : "Là, Pause-Lait". C'est le nouveau dispositif mis en place à Caen, par le Réseau de Périnatalité de Normandie, en partenariat avec la municipalité, pour faciliter l'allaitement des mamans.
Des obstacles pour allaiter dans des lieux publics
Pour certaines mamans, donner le sein en dehors de chez soi relève du casse-tête... "Elles peuvent faire face à de nombreux obstacles, avoir des remarques et des difficultés pour trouver un lieu pour allaiter", assure Elisabeth Onnée, sage-femme et coordinatrice au Réseau de Périnatalité en Normandie (RPN).
Interrogée par France 3 Normandie, Fanny, maman d'une petite fille d’un an, raconte : " je préfère me cacher pour le faire, pour éviter le regard des gens. Je suis déjà allée dans des toilettes de lieux publics pour être tranquille".
Pour Florine, une autre maman, d'une fillette de 18 mois, c'est "le manque d'intimité" qui la gênait. "Je pouvais allaiter, mais avec un lange ou quelque chose pour me cacher. J'allais parfois en terrasse, à des cafés, pour le faire".
Ce n'est plus acceptable que les femmes se fassent importuner. Le sein est toujours sexualisé alors qu'il est nourricier.
Elisabeth OnnéeSage-femme et coordinatrice au Réseau Périnatalité de Normandie
Un accueil bienveillant
Face à ce constat, la sage-femme a décidé de développer le dispositif "Là, Pause-lait" en partenariat avec la municipalité. Elle l'a présenté aux commerçants de Caen à la fin du mois de septembre. Ce stickers avait déjà été apposé sur quelques vitrines de Rouen, dès 2016.
Pour le moment, une boutique a joué le jeu. Il s'agit de la nouvelle cave sans alcool caennaise : Au plaisir des Sans. D'autres enseignes qui vendent des déguisements et des articles de danse ont aussi manifesté leur intérêt et devraient rejoindre le dispositif prochainement.
En tant que maman, je me reconnaissais dans cette proposition d'avoir un lieu accueillant pour se poser et allaiter en toute quiétude.
Karine HartemannGérante d'Au plaisir des Sans
La commerçante, qui a ouvert en septembre dernier au niveau de la rue Saint-Michel, vend des boissons sans alcool et des tisanes d'allaitement. Pour elle, c'est aussi une suite logique dans sa démarche. "J'avais déjà un fauteuil, le lieu s'y prêtait bien." Elle complète : "Une maman qui est bien accueillie aura envie de revenir une autre fois dans ma boutique."
Pour participer à ce dispositif gratuit et sans contrepartie, il faut signer la charte d'engagement mise en place par le RPN (Réseau de Périnatalité en Normandie), "coller l'autocollant sur sa vitrine et accueillir avec bienveillance les mamans, il suffit d'une chaise et d'un sourire", déclare la sage-femme.
Un défi lancé aux commerçants de Caen
La sage-femme aimerait inciter d'autres enseignes ou lieux ouverts au public à faire de même. Elle lance un défi aux commerçants de Caen : dans un an, elle aimerait qu'un commerce sur deux puisse accueillir les mamans qui ont besoin d'allaiter.
Elle ajoute : " Cette initiative pourra peut-être avoir un effet boule de neige sur d'autres villes de France". Pour Elisabeth Onnée cet accueil des commerçants est aussi un moyen de " banaliser et faciliter l'allaitement maternel pour les mamans qui le souhaitent".
Depuis quelques années, elle constate que cette pratique stagne : " Il s'élève à 56% à la sortie de la maternité et deux mois après il chute à 35 %". Elle pointe les bénéfices : "pour la maman ça va permettre de réduire les risques de dépression post-partum, mais aussi les cancers de l'ovaire et du sein et pour le bébé cela renforce son immunité et réduit ses allergies."
Le dispositif " Là, Pause-Lait", est pour le moment assez unique en France. Des initiatives avaient déjà été mises en place dans des lieux ciblés, mais toujours en lien avec la santé.