Depuis un mois, les relais colis et la Poste sont débordés de paquets, en raison du Black Friday et de Noël. Le marché de la livraison et de l'occasion a explosé avec les confinements récents.
"Ça nous refait la décoration !" La gérante de ce bar restaurant de l'agglomération caennaise préfère en rire. Près de 150 colis arrivent chez elle chaque jour, et les stocker devient un joli jeu de Tetris.
Quand on arrive chez elle, impossible de ne pas avoir tous ces cartons. Il y en a contre tous les murs ou presque, c'en est impressionnant ! "Ça a commencé mi-novembre avec le Black Friday et depuis ça n'arrête pas. L'an dernier, on avait aidé les anciens propriétaires, donc on s'y attendait", tempère Cécile Guillermin, du "Trotteur" à Fontenay-le-Marmion.
Mais il a quand même fallu s'adapter pour pouvoir continuer à travailler. Une feuille sur la porte d'entrée demande aux clients de ne pas venir chercher leurs colis entre 12h et 1 h. "On n'est que deux, et on peut accueillir jusqu'à 40 personnes pour le déjeuner... Parfois, certains passent sans savoir et on peut leur donner leur paquet, mais ça peut vite devenir impossible." Surtout que parfois, certains cartons restent longtemps avant qu'on vienne les chercher.
"C'est un peu chaud patate, mais plus facile maintenant." Frédéric Marais est un habitué, le primeur "Aux quatre saisons" propose ce service de relai colis depuis longtemps, une douzaine d'années, à Bretteville-sur-Odon. "Au début, on n'était que deux sur le secteur, aujourd'hui on est 5-6, il y a un meilleur maillage."
Et puis surtout, une règle a changé il y a peu : le délai pour venir récupérer son colis, passé de deux à une seule semaine. Ça change tout !
Les gens nous prenaient un peu pour une annexe du Père Noël. Ils ne savent pas où planquer leurs cadeaux, alors ça reste chez moi jusqu'au dernier moment. Sauf que de nouveaux colis arrivent chaque jour…
Frédéric MaraisPrimeur "Aux quatre saisons"
Parfois très encombrant : des chevaux en bois, une grosse voiture Ferrari... "Avec la règle d'une semaine, il nous en reste à peine une vingtaine d'un jour sur l'autre, et généralement ça part le lendemain."
Entre mi-novembre et mi-décembre, la réserve de son magasin aura vu défiler plus de 3.000 colis, car il y a tous ceux aussi qui sont déposés par des particuliers, par l'intermédiaire des plateformes de vente d'occasion. L'espace d'un mois, l'activité colis occupe une personne à 80 % ici.
La dernière ligne droite avant Noël
Au grand centre de livraison de la Poste de Giberville, qui gère la moitié du Calvados, on ne chôme pas non plus. Ce mercredi est la plus grosse journée de l'année, avec 17.000 colis à gérer.
Il est 7h40, et le directeur se faufile en ramassant des colis au sol près des camions, pour les remettre sur le tapis roulant, tout en regardant la pendule. "Il faut vraiment qu'à 8 heures on ait fini, pour que tous les opérateurs de livraison puissent se classer", annonce Jean Louvel. "Départ 9h - 9h30 pour les premiers., et ils ne rentreront pas avant 16 - 17h. C'est une période très très chargée." La semaine dernière, la neige et le verglas ont compliqué cette organisation serrée.
Sur place, près d'une centaine d'employés dont quelques intérimaires venus gonfler les rangs pour l'occasion.
C'est une période que tout le monde attend ici, y'a pas d'absentéisme. On commence à préparer dès la fin juin avec des réservations de véhicules supplémentaires.
Jean LouvelDirecteur du centre de Livraison de Giberville
Sébastien a commencé sa journée dès 6h du matin. Sa première mission : décharger des camions pleins à craquer. Il en est à son second. Comme dans une soute d'avion, le moindre espace est utilisé sur deux mètres de haut. "Dans le camion, il y a à peu près 5.000 colis, on va mettre une heure et demi à le vider." Et pendant qu'il nous parle tout en décoinçant des colis, il doit faire attention à ce que l'édifice ne s'écroule pas ! "C'est physique, on tourne régulièrement ; à la moitié du camion, on change. Et après, il y a la tournée…"
Un peu plus tard, nous croisons Ludivine qui prépare sa camionnette, et rien n'est laissé au hasard au moment de ranger les colis. Il faudra pouvoir les sortir dans le bon ordre, sans chercher au milieu du tas. "C'est une tournée que je fais depuis 3 ans. Je connais dans quel sens faire donc j'ai pas besoin de ma feuille de route, je la fais de tête."
7 % des colis ne seront pas distribués le jour même : problème d'adresse ou tout simplement de présence au moment de la livraison. À la fin, il en restera 2,5 % sans propriétaire.