Répondant à l'appel d'un paysan, le collectif "Extinction Rebellion" de Caen a planté des arbres fruitiers, à St-Martin-de-Fontenay (Calvados), sur une parcelle de 60 hectares pour s'opposer à un projet de lotissement. Objectif ? Protéger une prairie centenaire.
C'est une action symbolique et pacifique, avec comme seules armes, leurs mains, leurs pelles et des plants d'arbres fruitiers.
Près de trente militants du collectif "Extinction Rebellion" souhaitent en effet protéger une prairie centenaire, jamais labourée.
"C'est une terre précieuse, d'abord pour son rôle de stockage de carbone et surtout, sa richesse puisqu'elle est particulièrement fertile", explique Emilie, une militante.
Celui qui l'occupe depuis 2005, Romain Fritsché, n'est que locataire. Il souhaite créer sur ses 60 hectares un biotope, unique dans la commune, avec des vaches, des cultures et des animaux.
Sauf que sa propriétaire envisage un autre projet, à savoir vendre deux hectares et demi de la parcelle, à un promoteur immobilier pour y construire une trentaine de pavillons. "La mairie a établi un plan local d'urbanisme. Mais sans les agriculteurs. On consulte les propriétaires, mais pas nous et c'est un peu le problème", explique Romain Fritsché.
Une demande pour déplacer le lotissement
Pour éviter tout démêlé judiciaire, le collectif a pris soin de ne pas planter d'arbres sur la parcelle concernée par le lotissement, mais des poteaux blancs. Au cas où. Au total, 150 arbres fruitiers ont été semés sur des terres adjacentes.
L'objectif étant de sensibiliser et non de se mettre en porte à faux, sachant que Romain Fritsché a déposé un recours au tribunal administratif pour empêcher la construction de ce projet immobilier.
"Dans ma commune, tous les terrains sont labourés ou presque. Sur 850 hectares de terre, il y a moins de 20 ha de prairies centenaires. Par les temps qui courent, il faut préserver toute la vie qu'il y a dans le sol. D'autres parcelles existent, sur la commune. Ce projet immobilier peut se faire ailleurs, sur des terrains à faible profondeur ." précise Romain Fritsché.
De 170 euros .... à 340 000 euros l'hectare
Nous n'avons pu joindre ni la propriétaire ni la mairie, en ce dimanche. Mais Romain Fristché pense savoir pourquoi ces terres séduisent tant. Le prix des terres agricoles bondit dès qu'ils deviennent constructibles.
Les prix deviennent astronomiques. Je loue 170 euros l'hectare par an. Les lotisseurs en proposent 340 000 euros. Soit pour le lotissement de 2.4 ha, plus de 800 000 euros. Donc forcément, c'est tentant pour un propriétaire. C'est normal.
Romain Fritsché, paysan
Avec cette action, il espère sensibiliser les citoyens. Une pétition a été lancée en ligne et a déjà réuni plus de 700 signatures.
Reportage Lara Dolan et Inès de Pampelonne