Affaire Mathis : sans nouvelles depuis septembre 2011, le petit garçon avait alors 8 ans

A chaque réveil : la même impression. Tout va bien le temps d’une fraction de seconde, avant que la conscience ne reprenne le dessus. C’est toujours la première pensée de Nathalie Barré, chaque matin, cette même question qui n’a toujours pas trouvé de réponse : où est Mathis ?

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Nathalie Barré ne compte plus les jours, ce serait une torture. Depuis plus de sept ans, son fils a disparu. Aucune trace de vie, aucun signe… aucune piste.  Mais elle garde espoir : 

Oui, je le retrouverai un jour ! J’espère qu’il va bien, que là où il est, il est bien traité et heureux. Nathalie Barré


Mathis, disparu en septembre 2011 à l'âge de 8 ans

Mathis aurait aujourd’hui quinze ans. Un adolescent. Il n’avait que huit ans lorsque son père, Sylvain Jouanneau, l’a enlevé le premier week-end de septembre 2011. Profitant d’un droit de visite et d’hébergement obtenu après son divorce, l’homme de 37 ans à l’époque, a rendu visite à ses parents non loin de Caen, avec Mathis, avant de prendre la route dans la plus grande discrétion.

L’homme, très ponctuel, devait ramener Mathis au domicile de son ex-épouse le dimanche soir, à 18h… Habituellement, il n’était ni en avance, ni en retard : à 18h tapante, la voiture de Sylvain Jouanneau se garait devant le portail… Mais ce dimanche 4 septembre 2011, aucun véhicule en  vue à 18h01 ; 18h02… "J’ai tout de suite su qu’il s’était passé quelque chose " déclare Nathalie Barré, et de poursuivre  :

Sylvain Jouanneau ne répondait pas à mes SMS. Le connaissant, j’ai tout de suite su qu’il fallait prévenir la police…
 

Un enfant enlevé à Caen par son père en 2011, toujours introuvable aujourd'hui. Un père condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour ces faits, et une mère qui, depuis plus de 7 ans, met tout en oeuvre pour espérer retrouver son fils : voilà l'une des plus grandes énigmes normandes de ce début du 21e siècle Sont interviewés : Nathalie Barré Mère de Mathis Jouanneau, Me Véronique Demillière Avocate de Sylvain Jouanneau Elisabeth et Jean-Pierre Jouanneau Parents de Sylvain Jouanneau (Archives - juin 2015) Me Aline Lebret Avocate de Nathalie Barré (Archives - mai 2015)


Le couple se sépare en 2006, la procédure de divorce envenime la situation

Car père et mère ne sont guère sur la même longueur d’ondes – doux euphémisme - depuis leur séparation en 2006. Lorsque Nathalie Barré décide de partir avec Mathis et quitter le domicile conjugal en Seine-Maritime, Sylvain Jouanneau accepte en faisant signer un document à son épouse : un protocole d’accord dans lequel elle s’engage à ne jamais réclamer de pension alimentaire. "C’était en quelque sorte un protocole pour retrouver ma liberté avec Mathis… ça m’a fait vomir… Comme si, aux yeux de Sylvain Jouanneau, son fils n’était qu’une valeur marchande… "relate aujourd’hui Nathalie Barré.

Une fois le document signé, elle part deux jours plus tard : le jour de l’anniversaire de son mari. Mathis et sa mère reviennent à Caen.
La procédure de divorce va envenimer la situation. Lorsque l’avocate de Nathalie Barré découvre ce protocole d’accord, elle lui affirme que ce document n’a aucune valeur légale et qu’il faut réclamer une pension alimentaire. Nathalie Barré s’y résigne : une trahison pour Sylvain Jouanneau. C’est, pour lui, le point de départ de son combat contre l’institution judiciaire…

Sylvain Jouanneau dévoile un côté procédurier… Il livre bataille, conteste et finit par signer le divorce. Il aura désormais la garde de Mathis un week-end sur deux, et durant la moitié des vacances scolaires. A son tour, il revient vivre à Caen.


Des idées de l'éducation totalement opposées

Père et mère vont à nouveau "s’écharper" sur des "méthodes" éducatives diamétralement opposées : lui, strict, rigoureux ; elle, plus permissive. A tel point que Sylvain Jouanneau pense que Mathis est en danger avec sa mère et que, pour le bien de son enfant, il devrait vivre avec lui, mais sans vraiment engager les démarches en ce sens.

Mais de l’autre côté, lorsque Nathalie Barré récupère Mathis un dimanche soir après un week end passé avec son père, l’enfant déclare avoir copié des lignes, assis au bout d’une table, pendant deux jours. Une punition qui sera réitérée un autre week-end. "J’ai dit à Mathis que j’allais le protéger, et qu’il aurait des démarches à faire pour que ces punitions ne se reproduisent pas. " Nathalie Barré contacte alors services sociaux, judiciaires et la police pour justifier ce qu’elle s’apprête à faire : ne plus présenter Mathis à son ex-mari et le priver ainsi de son droit de visite et d’hébergement. La guerre est officiellement déclarée pour Sylvain Jouanneau : "Il a toujours eu l’impression que la Justice privilégiait Madame Barré et penchait toujours du côté des mères lors de conflits familiaux. Il n’était ni écouté, ni entendu en tant que père, comme s’il n’avait pas les mêmes droits…" déclare son avocate, Me Véronique Demillière.

Nathalie Barré l’empêche de voir son fils pendant plusieurs mois. Sylvain Jouanneau dépose plainte à son tour. Une procédure de mise à l’épreuve de Sylvain Jouanneau est lancée : il bénéficie d’un droit de visite uniquement, dans un lieu neutre en présence d’une tierce personne.

Lorsqu’il récupère ses droits, Sylvain Jouanneau prend la route avec Mathis. Le début de l’affaire que nous connaissons aujourd’hui ; l’aboutissement d’un plan mûrement réfléchi pour Sylvain Jouanneau. "C’est un homme intelligent, il a dérouté les enquêteurs" déclare aujourd’hui l’avocate de Sylvain Jouanneau.
  
Mercredi 13 mars 2019, après Soir 3, retrouvez l'affaire Mathis dans notre magazine mensuel "Enquêtes de Région" dédié ce mois-ci aux grandes affaires normandes.
 
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