Agressions d'élus en série : "on vit une époque particulière avec beaucoup de tensions"

Le maire de Bernières-sur-mer (Calvados) vient de porter plainte après une quatrième dégradation constatée à son domicile. Samedi, des élus du Val-de-Reuil (Eure) ont été bousculés en mairie. Les agressions d'élus ne sont plus des cas isolés. Elles interrogent.

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"Pour la quatrième fois en un an, le maire a subi une dégradation volontaire d’un de ses biens matériels, à son domicile", écrit la mairie de Bernières-sur-mer qui ajoute : "une plainte a été déposée." Thomas Dupont-Federici avait publiquement déploré le vol de sa boîte aux lettres le 29 août. Il répondait alors avec une pointe de malice : "Je rappelle juste que je suis joignable en mairie du lundi au samedi et que des rendez-vous sont possibles."

Les faits ne semblent pas en être restés là. Après une autre dégradation, l'équipe municipale a décidé de prendre les administrés à témoin :

Les actes de violence ne sont pas acceptables dans la démocratie locale, que ce soient sur des biens, des personnes, tout comme les propos agressifs que l’on peut parfois relever sur la page Facebook de la mairie.

L'équipe municipale de Bernières-sur-mer

Thomas Dupont-Federici, qui a été élu en juin dernier, a aussi reçu le soutien de son opposition au conseil municipal : " La crise de la Covid 19 aura certes révélé des solidarités insoupçonnées nationales ou internationales mais elle aura aussi accentué des inégalités et des violences dans la société dont la démocratie locale fait également et malheureusement les frais", écrit Michel Benoist.

L'affaire n'a évidemment aucun rapport avec les incidents survenus ce week-end au Val de Reuil qui ont tant ému la classe politique. À Elbeuf, l'agression d'un conseiller municipal sur la voie publique était aussi un cas à part, de même que celle du maire de Portbail au cours de l'été 2020. Ces affaires ont pourtant ceci de commun que des élus sont visés en toute connaissance de cause, pour ce qu'ils représentent.

"Je ne veux pas dramatiser, cela reste marginal", relativise Olivier Paz qui préside l'Amicale des maires du Calvados. "Quand on est élu, cela signifie que nous avons été choisis par les électeurs. On représente une autorité collective. Or, le rapport à l'autorité a évolué et il n'est malheureusement pas surprenant que nous en soyons les victimes. La parole de l’élu suscite aujourd'hui le doute. Il faut faire beaucoup plus de pédagogie qu’auparavant."

Une violence verbale désinhibée

En 2020, 505 maires et 60 parlementaires ont été agressés dans toute la France selon le ministère de l'intérieur. Il n'est en revanche plus possible de tenir la comptabilité des agressions verbales, des insultes et des intimidations entendues au quotidien par les élus de la République. 

Cet été, quelqu'un qui a été verbalisé parce que sa voiture était mal garée m'a écrit pour me dire : vos policiers méritent d'être lynchés.

Olivier Paz, maire de Merville-Franceville (Calvados)

"Avec les réseaux sociaux, la parole s’est libérée", constate le président de l’Amicale des maires du Calvados qui a renoncé à donner des suites à ce genre de dérapage : "on passerait nos journées à porter plainte…" Une chose est aujourd'hui certaines, les élus ne sont pas les plus mal placés pour prendre le poul du pays, dix-mois après le début de la crise sanitaire, six mois avant l'élection présidentielle : "On est dans une époque particulière avec beaucoup de tension".

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