Alors que la septième vague s'abat sur la France s'abat depuis quelques semaines, il ne reste plus qu'un centre de dépistage à Caen. Depuis ce lundi, son activité augmente. Les infirmiers, qui assurent les prélèvements, pointent un effet "Beauregard"
Ce mardi matin à Caen, au centre de dépistage géré par SOS Infirmiers, dans l'enceinte de la maison des associations, rue Germaine Tillon, ce n'est pas l'affluence de l'hiver dernier. Mais ils sont plus nombreux que d'habitude à pousser la porte. Contrairement aux vagues précédentes, c'est le seul centre dédié encore en activité sur Caen. Aujourd'hui, la majorité des tests s'effectuent en pharmacie, dans les laboratoires d'analyse ou dans les cabinets d'infirmiers libéraux. Le centre fonctionne sept jours sur sept de 9 heures à 19 heures et apparaît comme la solution la plus simple en cas de doute ou de signes inquiétants.
Ce mardi matin, justement, Marie a le nez qui coule et se sent très fatiguée. "La fatigue, je ne sais pas si c'est lié au covid ou aux cinq jours que j'ai passé au festival de Beauregard", explique la jeune femme d'une voix cassée. Mal de gorge et rhume, Tiffaine, elle aussi, n'est pas au mieux de sa forme. "Je suis malade depuis hier (lundi). J'ai été à Beauregard tous les jours sauf le dimanche. Personne n'était cas contact ou malade autour de moi." Pour Céline, en revanche, aucun symptômes. "Je suis cas contact. J'étais à Beauregard pendant cinq jours. J'ai appris dimanche soir, en rentrant du festival, qu'une amie était positive. Je viens me faire tester avant de reprendre le travail."
"Attention avec les gestes barrières"
En l'espace d'une heure, Aleyna a déjà réalisé plus d'une dizaine de tests antigéniques, les plus rapides, soit autant que toute la journée de la veille. "Il y a beaucoup de personnes qui étaient à Beauregard ce weekend qui sont venus ce matin se faire tester", constate la jeune femme, en charge des prélèvements, "En une heure, on a fait une trentaine de PCR et une quinzaine d'antigéniques, dont la moitié sont positifs." Et d'ajouter sur le ton de la plaisanterie : "C'est bien beau de s'amuser mais faut aussi faire attention avec les gestes barrières".
Selon la directrice du centre de dépistage, le coup d'accélérateur est intervenu dès ce lundi. "Nous étions sur une moyenne de 80 tests par jours à la fin du mois de juin. La semaine dernière nous avons réalisé 600 tests. Actuellement, nous approchons des 150 tests par jour." Seul élément qui n'a pas changé : le taux de positivité qui tourne autour de 30%. "Plusieurs cas se présentent. Il y a des personnes qui sont cas contact voir double ou triple cas contact, elles savent bien nous le dire. Il y a ceux qui ont des craintes compte tenu de l'affluence sur le festival et qui préfèrent donc venir se faire tester. Et d'autres sont symptomatiques avec une toux, un nez qui coule." Mais les festivaliers ne sont pas les seuls à pousser les portes du centre de dépistage, précise Marion Leblanc. Futurs vacanciers et personnes en passe d'être hospitalisées viennent compléter les rangs.
Le précédent du Hellfest
Récemment deux autres festivals ont pu être assimilés à des clusters. C'est notamment le cas du Hellfest qui a accueilli cette année 420 000 spectateurs sur deux weekends (147 000 personnes se sont rendues à Beauregard). De nombreux cas positifs ont été rapportés à commencer par l'une des têtes d'affiche, le groupe américain Metallica, contraint d'annuler par la suite l'une des dates de sa tournée européenne. Les autorités sanitaires restent toutefois prudentes sur le sujet et se gardent bien de toute condamnation. "Il peut y avoir un léger impact, mais il n'y a pas tout de suite de lien de cause à effet identifié", indiquait l'Agence Régionale de Santé des Pays de Loire à nos confrères de Ouest-France en s'appuyant sur les chiffres de sa seule aire géographique. En l'absence de traçabilité, l'impact de ce type d'événements qui draine au-delà de sa région est difficile à évaluer.
Reste qu'au regard de la dynamique épidémique observée depuis plusieurs semaines en Normandie (un taux d'incidence 1105 cas pour 100 000 habitants au 8 juillet dernier selon Santé Publique France) et dans toute le pays, les professionnels de santé estiment qu'on ne peut plus faire l'économie de certaines précautions. "Aller en festival non masqué me semble un peu difficile à envisager aujourd'hui vu le nombre de tests positifs que nous avons et le nombre de personnes qui peuvent se retrouver sur une zone très limitée", indique Marion Leblanc. Avec le bal du 14 juillet et les différents feux d’artifice organisés dans les prochains jours, le nombre de cas contact risque d’augmenter encore. Mais pour l’instant, le port du masque reste simplement recommandé.