"Notre-Dame-du-Nil" a reçu l'ours de Cristal au festival du film de Berlin. Ce film d'Atiq Rahimi a été adapté du roman de Scholastique Mukasonga, écrivaine et assistante sociale à Caen. Son livre avait déjà reçu le prix Renaudot en 2012.
Cet Ours de cristal a été décerné par la jeunesse et c'est toujours précieux de capter le regard de ce jury, qui parle sans fard et surtout avec son coeur.✨Je viens d'apprendre une heureuse nouvelle, Le film Notre-Dame du Nil, réalisé par Atiq Rahimi, vient de remporter @berlinale 2020 le prix "Crystal Bear" pour le meilleur film dans la catégorie Génération 14plus https://t.co/Z0GjpDMRF4 #Berlinale #Cinema #notredamedunil #rwot pic.twitter.com/RLwjRGGUYC
— Scholastiq_Mukasonga (@Mukasonga) February 29, 2020
Après tout ce qu'elle a vécu, tout ce qu'elle a vu, tout ceux qu'elle a perdus là-bas, au Rwanda, c'est une belle consécration pour l'auteure Scholastique Mukasonga, qui vit depuis près de 30 ans en Normandie.
Exilée au Burundi puis en France en 1992, elle a échappé de peu aux massacres qui ont ensanglanté son pays.
La jeune Tutsie avait écrit Notre-Dame-du-Nil, comme une thérapie. Depuis son prix Renaudot en 2012, Scholastique Mukasonga n'a pas changé. Elle vit toujours à Saint-Aubin-sur-Mer et travaille à Caen, comme assistante sociale.
C'est la cinquième auteur.e africain.e lauréat.e de ce prix si convoité.
Je ne me suis plus sentie victime en l'écrivant. Aujourd'hui je suis réconfortée, c'est une nouvelle naissance, une réconciliation avec moi-même.
C'est Atiq Rahimi qui a accepté de traduire ces émotions à l'écran.
Jusqu'ici, le réalisateur avait parlé de son pays, l'Afghanistan, à travers deux livres qu'il avait écrit et lui-même adapté au cinéma : "Terre et cendres" (prix Regard vers l'avenir au festival de Cannes 2004) et "Syngué Sabour, Pierre de patience" (prix Goncourt 2008).
Cette fois, il a donc dû plonger dans un monde qui lui était totalement étranger ou presque.
J’ai toujours voulu aller en Afrique noire et précisément au Rwanda qui, tel un miroir, invite l’humanité à s’y contempler, à y ressentir ses blessures, et à s’y reconnaître dans ses horreurs et douceurs.
Atiq Rahimi, réalisateur du film
Une rencontre en pijama !
Le réalisateur et l'auteure se sont en fait vus pour la première fois en 2008, à l'occasion du Salon du Livre de Montréal. Une rencontre qui est restée de façon amusante dans la mémoire du réalisateur.Au-delà de cette anecdote, les deux écrivains sont rapidement devenus assez proches. Comme unis par ces choses à exorciser, un témoignage à transmettre. "Lui l’Afghan, moi, la Rwandaise, nous avions une histoire presque commune."Je me souviens que l’hôtel où nous logions a pris feu et nous nous sommes retrouvés comme tous les autres clients, dans les sous-sols de l’hôtel en plein milieu de la nuit, donc tous en pyjama !
Atiq Rahimi, réalisateur du film
Avant et pendant le tournage du film, la Normande a joué les consultantes, sans jamais s'inquiéter de cette adaptation de son livre par quelqu'un d'autre.
Atiq s’est totalement immergé dans une culture qu’il ne connaissait pas. Il est d’abord allé sur place durant deux mois.C’est quelqu’un de très sensible, qui capte vite les choses. Puis il est ensuite resté 6 mois pour la préparation du film. Il a formé les actrices rwandaises qui n’avaient aucune connaissance du jeu.
Scholastique Mukasonga
Une rencontre avec Scholastique Mukasonga et Atiq Rahimi a eu lieu à 17h, dimanche 9 février, à l'issue de la projection au café des images à Hérouville-Saint-Clair (14).
Synopsis
Rwanda, 1973.Dans le prestigieux institut catholique ‘Notre-Dame du Nil’, perché sur une colline, des jeunes filles rwandaises étudient pour devenir l’élite du pays.
En passe d’obtenir leur diplôme, elles partagent le même dortoir, les mêmes rêves, les mêmes problématiques d’adolescentes.
Mais aux quatre coins du pays comme au sein de l’école grondent des antagonismes profonds, qui changeront à jamais le destin de ces jeunes filles et de tout le pays.