Le cours du beurre n'a cessé d'augmenter ces derniers mois, près de 45% en 2016. Une situation problématique dans certains secteurs de l'agro-alimentaire comme les biscuiteries. A Caen, les madeleines Jeannette vont devoir augmenter leurs prix.
En 2015, les madeleines Jeannette ont entamé un nouveau départ avec une nouvelle recette. Fini l'huile, bonjour le beurre AOP d'Isigny. "C'est l'élément principal de notre madeleine", explique Georges Viana, le directeur de la biscuiterie, "Nous sommes à 24% de beurre en moyenne donc c'est l'élément de base et sur cet élément que nous avons bâti tout notre projet". Ce sont près de 50 tonnes de cette matière première qui sont utilisées chaque année dans l'usine de Démouville.
Alors la moindre variation du prix de cette matière première pèse sur les comptes de l'entreprise. Le beurre utilisé par la biscuiterie Jeannette, à 82% de matière grasse, est déjà deux fois plus cher qu'un beurre classique. Et son prix a augmenté de 10% fin 2016. La biscuiterie va donc devoir répercuter cette hausse sur son propre prix de vente. Ses madeleines devraient "prendre" entre 5 et 10 centimes selon les modèles le 1er février prochain.
Reportage de Gwenaëlle Louis et Charles Bézard
Intervenants:
- Georges Viana, directeur de la biscuiterie Jeannette
- Marie-Claire Marie, responsable de fabrication
Mais cette hausse touche plus largement le marché du beurre dans sa globalité. Et c'est toute l'industrie du biscuit qui tremble. Le cours de cette matière première ne cesse de flamber ces derniers mois: le prix de la tonne de beurre est passé de 2.500 euros en mai 2016 à 4.500 euros. Comme le rappellent nos collègues de FranceInfo, c'est l'une des conséquences de la crise du lait, dont la production a diminué de 5% en novembre en France et de 9% en Europe, ce qui a entraîné une baisse de la production de beurre.
Mais la baisse de la production laitière n'est pas la seule en cause, selon France 3 Bretagne. Aujourd'hui, le beurre provient exclusivement du gras récupéré lorsqu'on fabrique de la poudre de lait. Hors, les industriels se détournent de ce produit car son cours mondial s'est, lui, effondré: 3400€ / tonne en 2014 à 2000 € / tonne aujourd'hui, selon un responsable de l'Apli, l'Association des producteurs de lait indépendants.
Un lait moins gras qu'avant
Autre piste pour expliquer cette pénurie de beurre: les vaches produiraient désormais un lait moins gras. Jean-Paul Prigent, président de la région Bretagne pour la coopérative laitière Sodiaal, explique ainsi à nos confrères du Parisien que, confrontée à une baisse de la demande de graisse animale, "la filière laitière ne savait plus quoi faire de la crème issue du lait. Elle s'est donc adaptée en améliorant la génétique des vaches qui produisent désormais du lait moins gras."
De son côté, l'Association des producteurs de lait indépendant (Apli) pointe l'effet de la chaleur en 2016. "Le réchauffement climatique a un impact direct sur le taux de graisse contenu dans le lait des vaches", indique un des responsables de l'association à France 3 Bretagne.