Un collectif de citoyens caennais engagés contre l'utilisation du glyphosate se joint à sa manière aux "Campagnes glyphosates" lancées dans toute la France. Le but : déceler le taux de pesticides dans notre organisme, en l'occurrence dans nos cheveux.
Il suffit d'une touffe de cheveux pour être fixé sur son sort. Des mèches rebelles qui racontent des histoires, celle de la contamination des sols, des aliments, des produits de grande consommation par le glyphosate, le fameux herbicide classé comme "cancérigène probable" par le Centre international de recherche contre le cancer. En janvier, un collectif de citoyens appellent tous les normands à se soumettre au test et à porter plainte contre ceux qu'ils désignent comme responsables.
Dans une vidéo publiée le 3 décembre dernier, des citoyens, parmi lesquels le conseiller départemental PS Antoine Casini et Gilles-Eric Séralini, biologiste à l'université de Caen, lancent un appel aux normands : on recherche une centaine de personnes prêtes à donner de leur personne, en l'occurrence de leur chevelure, pour identifier le taux de glyphosate qu'ils ont dans le sang.
S'il s'avère que les teneurs en pesticides sont trop élevées - plus d'un dixième de nanogramme par millilitre de sang, le taux autorisé pour l'eau potable par l'UE - les testés sont invités à déposer plainte. Le but : aboutir à "l'expression d'une vérité que l'on veut voir révélée devant la justice". Mettre au jour la nocivité de la substance controversée.
Porter plainte pour quoi au juste ? Cette initiative s'inscrit dans un mouvement national parti d'Ariège qui réunit aujourd'hui 55 départements, les Campagnes glyphosates. Depuis quatre mois, un peu moins d'une centaine de français ont porté plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui", "tromperie aggravée" et "atteinte à l'environnement". La mobilisation militante est née au moment du procès Monsanto : début août, Dewayne Johnson, un jardinier américain atteint d'un cancer en phase terminale, avait réussi à faire condamner la firme reconnue coupable de "malveillance".
Depuis 4h30 ce matin, les bénévoles organisent le bon déroulement du test, en présence de l'huissière, et il y a déjà 49 participants dont 43 qui porteront plainte ! #glyphosate pic.twitter.com/xcvtqBgeg8
— Campagne Glyphosate Paris (@75Campagne) 11 décembre 2018
Porter plainte contre qui ? Comme Dewayne Johnson, contre les entreprises qui commercialisent la molécule toxique, mais aussi contre les agences de sécurité sanitaire qui ont autorisé leur mise sur le marché.
Pourquoi les cheveux ? La plupart des départements qui participent collectent les urines des volontaires. Le professeur Séralini a choisi d'analyser les cheveux car ce test permet de déceler non seulement la présence de glyphosate sur plusieurs mois et non sur quelques jours, mais il identifie aussi la présence d'arsenic, que l'on trouverait dans les herbicides, selon le collectif.
Le collectif "Glyphosate : le Caen des tests" souhaite réunir la centaine de volontaires - au minimum pour fournir des résultats crédibles - le 15 décembre afin de leur présenter le projet et discuter des alternatives, pour un test en présence d'un huissier de justice le 26 janvier 2019. Une campagne de financement participatif sera lancée sur Internet pour amortir le coût des analyses - chaque test coûte 250 euros.