C'est une étrangeté, une curiosité de l'histoire : la ville de Caen n'a jamais érigé de monument aux morts au lendemain de la grande guerre. Une plaque sur laquelle seront gravés le noms des morts pour la France sera dévoilée l'année prochaine, cent ans après la fin des combats.
"Oui, c'est un mystère", reconnaît Patrick Nicolle, le conseiller municipal en charge du dossier. "Caen n'a jamais eu un endroit dédié à 14/18. Il existe bien un monument dans le quartier de Venoix, mais c'était à l'époque une commune à part entière qui n'était pas encore rattachée à Caen. Il y a aussi quelques plaques dans des églises, mais à aucun endroit ne sont centralisés tous les noms des morts pour la France".
Au lendemain de la grande guerre, les communes de France y sont toutes allées de leur hommage. Des colonnes ont poussé partout, surmontées d'un poilu en bronze ou d'un coq, pour symboliser le sacrifice des enfants "tombés pour la France". Le film Au revoir là-haut, tiré du livre éponyme, évoque cet élan mémoriel qui avait saisi tout un pays meurtri dans sa chair. Mais apparemment, Caen avait choisi de se souvenir autrement : une grande colonne a été élevée dans les années 1930, à la mémoire de tous les morts de toutes les guerres.
Presque un siècle après l'armistice du 11 novembre, Un oubli est en passe d'être réparé. La ville a fait appel à l'historien Gérard Fournier pour recencer tous les noms des enfants de Caen morts pour la France. "C'est un travail de bénédictin. Nous en sommes déjà à 1400 noms". À la suite de l'appel lancé sur le site internet de la ville, de nombreux habitants ont fait parvenir des souvenirs, des documents, des photos. Un livre-mémorial est en préparation. Et une plaque transparente sera dévoilée le 11 novembre 2018 sur la place Foch, au pied de la colonne du souvenir. Mais le recensement continue. Les descendants des soldats caennais de la Grande Guerre qui souhaitent s’associer à cet hommage sont invités à se faire connaître auprès de la direction des Relations publiques de la Ville de Caen.