Le tribunal correctionnel de Caen a condamné à 11 mois de prison sous bracelet électronique un automobiliste de 23 ans ce jeudi 23 juin 2022. Il comparaissait pour avoir tenté de fuir un contrôle de police, entraînant dans sa fuite un policier sur plusieurs centaines de mètres, accroché au capot de la voiture.
L’automobiliste qui a tenté de fuir un contrôle de police sur le périphérique nord de Caen, emportant dans sa fuite le policier qui l’interpellait, a été condamné en comparution immédiate au tribunal judiciaire de Caen, jeudi 23 juin, à 11 mois de prison à effectuer à domicile sous bracelet électronique.
Tout commence par un banal contrôle de police sur le périphérique nord de Caen, mardi 21 juin 2022, un peu avant 16 heures. Un policier motocycliste interpelle un conducteur pour excès de vitesse. L'automobiliste aurait été flashé à 118 km/h. Le véhicule, une Renault Kadjar blanc s’arrête au niveau de la bretelle de sortie de la porte d’Angleterre. C'est là que la situation dégénère. Le conducteur explique à l'agent qu’il a du mal à parler suite à une opération, indique qu’il connaît du monde puis referme sa vitre et passe un coup téléphone.
Traîné sur le capot
Après plusieurs allers-retours du policier vers le véhicule arrêté, le conducteur finit par expliquer qu’il n’a pas les papiers qui lui sont demandés. Le fonctionnaire de police décide de prévenir ses collègues en renfort. Il se trouve à ce moment-là devant la voiture. Le conducteur démarre tandis que le policier est toujours à l'avant du véhicule. L'agent se jette alors sur le capos "pour éviter de passer sous les roues", explique-t-il à l’audience. La course de la Kadjar durera environ 1 minute sur une distance d'environ 500 mètres au bout desquels l’automobiliste finit par s’arrêter. Il est mis en joue par le policier qui descend du capot et le menotte. Il sera interpellé, mis en garde à vue et déféré. Ce jeudi, il comparaît au tribunal sous escorte policière.
"Banalisation de la violence envers les forces de l’ordre"
La vidéo de la caméra-piéton du fonctionnaire de police a été diffusée à l’audience. Les cris de l’agent disant au conducteur de s’arrêter ont été enregistré. Durant sa diffusion, l’accusé baisse les yeux et ne regarde pas. Plus tôt, il indiquait ses regrets : "Je n’aurais jamais dû faire ça", "je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je me déteste, je regrette. Je comprendrais qu’ils (le policier et ses collègues) aient la haine contre moi."
Lors de l’audience le fonctionnaire de police, lui, évoque depuis cette histoire, des problèmes du sommeil. Arrêté sept jours par son médecin, il souffre de blessures légères, mais il parle des blessures psychologiques qu’il endure. Il souligne que ce n’est pas la première fois que ça lui arrive. Agé de 49 ans, policier depuis 23 ans, il précise que c’est la deuxième fois de sa carrière qu’il est confronté à ce type de situation. "Je ne dors plus depuis ce qu’il s’est passé."
Pour le parquet, cette affaire est celle de la "banalisation de la violence envers les forces de l’ordre" : "On prend tous les risques y compris de tuer un policier pour une amende", déclare le magistrat.
Sans permis
L’accusé, né à Caen le 17 juin 1999, a un casier judiciaire vierge. Mais ce jour-là, il roulait alors qu'il n'a pas son permis de conduire et avec un faux macaron d’avocat sur le parebrise. Ainsi, pour les faits de violence, le parquet requiert 24 mois de prison dont un an de sursis probatoire et un an ferme pour le refus d’obtempérer.
Après délibération le tribunal judiciaire de Caen relaxe l’automobiliste pour les faits de "faux et usage de faux" concernant le macaron de l’ordre des avocats. Pour les faits de refus d’obtempérer aggravé, il est condamné à 5 mois de prison ferme et à 24 mois dont 18 mois d’emprisonnement avec sursis pour les faits de violence. Un total de 11 mois de prison ferme seront à effectuer par le jeune homme de 23 ans, à domicile sous surveillance d'un bracelet électronique. Il devra également verser 1000 euros au fonctionnaire de police.