À Caen la mer, 55% des trajets en ville sont réalisés en voiture. C'est ce que révèle, notamment, l'enquête mobilités réalisée sur le territoire du Calvados. C'est 6 % de moins qu'en 2011, lors de la précédente enquête de cette ampleur. Mais il reste encore des efforts à faire pour limiter le trafic en centre-ville.

Entre 8h et 9h, tous les matins, ou presque, ça bouchonne dans l'agglomération caennaise. Il y a ceux qui se rendent sur leur lieu de travail, ceux qui emmènent les enfants à l'école, et ceux qui choisissent de traverser le centre-ville, un itinéraire souvent conseillé par les applications de navigation pour éviter les embouteillages sur le périphérique. 

"On veut que Caen devienne une destination"

Pour Ludwig Willaume, maire-adjoint de la ville de Caen en charge de l’espace public et du cadre de vie, il y a encore trop de voitures qui traversent le centre-ville : "70% des véhicules ne font que passer en ville, et utilisent encore, comme quand on était plus jeunes, l’avenue du 6 Juin ou la rue St Jean comme des artères centrales. Ils coupent et nous c’est ça qu’on veut éviter, que ne circulent dans les rues de Caen que les gens qui ont quelque chose à y faire, qui y vivent ou qui y travaillent."

L’idée c’est de contrarier les automobilistes qui n’ont rien à faire à Caen, mais pas les caennais qui, pour la plupart, se déplacent à pied. En centre-ville, 90% des déplacements se font à pied.

Ludwig Willaume, maire-adjoint de la ville de Caen, en charge de l’espace public et du cadre de vie

L'onde verte à Caen, c'est bien fini. Elle permettait aux automobilistes d'enchaîner les feux verts sur les grands axes du centre-ville, le passage au vert étant réglé en fonction de la vitesse autorisée. Aujourd'hui, la circulation est contrariée notamment par les passages du tramway, devenu prioritaire.

Les mobilités douces gagnent du terrain

L'enquête Mobilités réalisée en 2022, soit plus de 10 ans après celle de 2011, dernier repère en date, permet aujourd'hui à la communauté urbaine de Caen la mer d'en tirer ses conclusions : l'utilisation de la voiture a bien régressé en ville, au profit de la marche à pied, des transports en commun et du vélo.

La part modale de la marche est en hausse de 15% sur le territoire de Caen la mer, et représente désormais presque un tiers des déplacements des habitants de Caen la mer.

La part modale du vélo a, quant à elle, doublé, mais ne représente au final que 3% des déplacements.

"Tout le monde ne peut pas se mettre au vélo ! " Ludwig Willaume en a bien conscience. "C’est pour ça qu’on tient à maintenir un anneau de circulation autour du centre-ville, pour que tout le monde puisse accéder à la ville, mais tout en incitant les gens à prendre les transports en commun.

Les transports en commun ne représentent que 8% des déplacements des caennais en semaine, un chiffre qui s'explique, selon Nicolas Joyau, vice-président de la communauté urbaine Caen la mer, en charge des mobilités : "Il faut mettre en perspective l’époque à laquelle on a fait l’enquête. On sortait des dernières restrictions liées à la crise sanitaire. Mais on considère aujourd’hui qu’on n’a jamais transporté autant de monde dans les transports en commun dans les statistiques que nous avons." 

Rendre le vélo plus attractif que la voiture

La communauté urbaine a fait des efforts pour donner à ses habitants le goût de pédaler : nouvelles pistes cyclables, mise en place d'un périphérique vélo pour circuler rapidement et de manière sécurisée, aides financières, davantage de stationnement vélos... Un moyen pour les plus motivés de s'affranchir des embouteillages. Et de nombreux caennais privilégient aujourd'hui l'usage du vélo, comme Lucie, qui emmène ses deux enfants de 3 et 5 ans, tous les matins à l'école, en vélo cargo.

Je me déplace toujours en vélo cargo, je fais mes courses avec, j’emmène mes enfants partout avec. C’est plus simple que de prendre la voiture, moins de stress, moins d’angoisse, moins de trafic.

Lucie, cycliste caennaise

Mais pour les trajets en dehors de la ville, Lucie continue de prendre sa voiture. "Quand on est caennais, on ne peut pas se passer de voiture, les axes sont encore assez peu adaptés au-delà du périphérique."

Certaines pistes cyclables permettent pourtant aujourd'hui de relier le centre-ville de Caen aux communes voisines, mais il n'y en a pas partout. Nicolas fait le trajet tous les jours entre sa maison à Feuguerolles-Bully et son lieu de travail sur le plateau de Colombelles en 20-25 minutes en vélo, mais seulement en empruntant des pistes sécurisées. 

De temps en temps, je prends des vraies routes et c’est pas du tout la même chose, entre une piste cyclable bien faite, et une route avec des automobilistes pressés de rentrer chez eux.

Nicolas, cycliste

Mais tout le monde ne peut pas se mettre au vélo, certains pour des raisons de santé, d'autres par manque de commodité. Nicolas peut se permettre de prendre son vélo maintenant que ses enfants sont grands. C'est sa femme qui assure les trajets en voiture pour les activités extrascolaires.

La ville de demain : vers une mixité des modes de transport

L'idée, ce serait de pouvoir adapter son mode de déplacement en fonction des offres proposées, et de ne choisir la voiture que lorsque aucun autre moyen de transport n'est possible, par exemple en installant des grands parkings à l'entrée des villes pour y laisser sa voiture et emprunter les transports en commun, ou son vélo, rangé dans le coffre. À Caen, ces grands parkings sont encore trop peu nombreux, et ne sont pas situés à toutes les entrées de la ville. Une prochaine étape qui devrait arriver avec une offre de lignes de tramway plus importante. De toute façon, il faudra trouver des solutions pour réduire encore le trafic routier dans la ville. 

Nous n’aurons pas la capacité d’accueillir toujours plus de voitures sur l’espace public, qu’elle soit électrique ou thermique, donc tout l’enjeu, c’est le report modal, c’est d’amener les automobilistes à trouver plus pratique et plus évident d’utiliser un jour le vélo, un jour la marche à pied, un jour le bus et peut-être, de temps en temps, quand c’est indispensable, la voiture individuelle.

Nicolas Joyau, Vice-président de la communauté urbaine Caen la mer, en charge des mobilités

Caen sans voiture, ce n'est pas encore pour demain, mais pour inciter les automobilistes à emprunter les transports en commun, la communauté Caen la mer a mis en place des navettes gratuites qui desservent l'hyper centre-ville.

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