Une classe spécialement conçue pour les sportifs de haut niveau à l'IUT de Caen

L'université de Caen accueille de nombreux sportifs. Mais cette année, une classe un peu spéciale a été formée à l'IUT. 25 élèves, espoirs dans leurs disciplines respectives, apprennent ensemble un métier.

"J'étais à 6 h 30 dans l'eau, j'enchainais après sur ma journée de cours de 9 heures à midi et de 13 heures à 17 heures, et après 17 h 15 j'étais dans l'eau jusqu'à 19 h 15." Depuis le collège, Nihèle Villon, nageuse à l'entente nautique caennaise, a suivi une scolarité en sport étude. Avec des journées bien remplies. Le bac en poche et plusieurs titres de championne régionale à son palmarès, le jeune femme ne compte pas s'arrêter là, tant sur le plan scolaire que sur le plan sportif. Mais pour atteindre son prochain objectif, les championnats de France en grand bassin en juillet prochain, elle devra travailler encore plus dur. Un impératif difficilement conciliable avec des études supérieures sans structure adaptée.
 

Reportage de David Frotté et Guillaume Le Gouic

Auparavant, les sportifs caennais ambitieux et prometteurs étaient souvent contraints de quitter la région. "Les nageurs allaient à Nice, à Antibes, à Amiens, les hockeyeurs allaient sur Rouen. Il n'y avait pas une formation post-bac qui leur permettait de lier le sport de haut niveau, leur scolarité et le côté entreprise", raconte Dany Pain, président du centre d’études supérieures des sportifs normands (CESSNOR).

Un double parcours

Cette année, l'exil n'est plus qu'une option parmi d'autres. L'IUT de Caen a créé une promotion de sportifs de haut niveau dans son département technique de commercialisation, une classe rassemblant 25 élèves de 11 disciplines différentes et dont le planning est adapté à leur pratique du sport au plus haut niveau : quatre demi-journées de cours par semaine pour un DUT qui se fera en trois ans au lieu de deux. "On va peut-être être un peu plus attentif à leurs états de fatigue lié à une compétition ou à leur état de stress lié à la préparation d'une compétition mais honnêtement pas plus que ça, puisque l'idée c'est bien d'avoir un double parcours", explique Caroline Boisset, chef du département Techniques de commercialisation.

Ce double parcours, ces jeunes y tiennent, bien conscients des difficultés à gravir les plus hautes marches des podiums. "Si le vélo ça ne marche pas, parce qu'on sait qu'on ne peut pas pratiquer toute sa vie le vélo, j'aurais un moyen de recours avec un métier", indique Yohann Simon, coureur de Moyon CS, des rêves plein la tête mais les pieds bien sur terre. Dans le cadre de sa formation, en parallèle des 500 kilomètres de routes avalés chaque semaine sur sa selle, le jeune garçon va effectuer un stage dans un cabinet de conseil en patrimoine. Nihèle, pour sa part, aimerait bien créer son entreprise.

Si les jeunes sportifs sont au coeur du projet élaboré par l'IUT de Caen, les autres acteurs, entreprises et clubs sportifs, y trouvent leur compte. Les valeurs du sport, compétition, dépassement de soi mais aussi esprit d'équipe, rencontrent un écho favorable chez les employeurs. Sur le terrain, le temps passé sur les bancs de l'école constitue un atout. "D'avoir des filles qui sont en études supérieures, c'est hyper important, parce que ce sont des filles qui réfléchissent, qui ne viennent pas juste pour jouer au ballon, qui ne vont pas juste essayer de jouer sur la dimension physique, qui adhèrent au projet de jeu, qui essaient de construire le projet de jeu", estime Jean-François Mouton, manager sportif de l'Ovalie Caennaise, l'équipe féminine de rugby.

 
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